Mais Stubbs insistait fortement sur le r?le central joué par l'église dans le processus d'unification de l'Angleterre : l'unité de l'église en Angleterre était la structure de l'unité de l'état . Toutefois, pour Stubbs, l'état connaissait, en 1066, un certain épuisement, même si, comme l'a noté James Campbell, ce que Stubbs appelait la substructure du gouvernement anglais devait survivre à la Conquête.14 Dans ce panorama historiographique de l'état anglo-saxon, de Stubbs à Campbell, deux thèmes me semblent devoir être mis en exergue : les systèmes de gouvernement et d'administration anglo-saxons, tout d'abord, puis la question de l'unité du royaume de la période vieille anglaise tardive. Au début de cet article, on trouve la remarque de Stenton, pour qui l'Angleterre au xie siècle ne possédait aucun système administratif digne de ce nom , et il est, en fait, frappant de constater à quel point la question de l'administration a dominé l'historiographie des Anglo-Saxons au cours du siècle dernier. Dans un article publié dans History en 1937, R.R. Darlington entreprit de défendre les Anglo-Saxons contre l'accusation de Ferdinand Lot, pour qui il s'agissait d' une race de barbares sauvés de l'ignorance et de la sauvagerie par les conquérants normands . survetement jordan soldes L'argument de Darlington était que l'Angleterre contrastait en effet fortement avec les états européens, mais que ce contraste résidait dans l'étendue de sa civilisation, dans la force de sa monarchie et, surtout, dans son système de gouvernement. Cette thèse reposait sur l'étude de la fonction militaire et administrative des earls, des représentants du roi dans les shires (thegns, reeves et shire reeves), de la signification que l'on peut donner à l'apparition de la centaine comme unité administrative, de la levée du danegeld, un imp?t national assis sur la terre , et finalement de l'usage de l'écrit dans le gouvernement. On trouve là, en germe, toutes les questions sur lesquelles l'attention des historiens s'est portée depuis soixante ans: le caractère sophistiqué de l'organisation fiscale du royaume de la période anglo-saxonne tardive, le r?le des reeves - shire reeves ou sheriffs - dans l'administration locale des régions, ainsi que l'étendue de leurs obligations vis-à-vis de l'earl ou du roi, mais aussi la quantité de pièces de monnaie en circulation et les niveaux de danegeld et heregeld levés au xie siècle, l'existence, ou non, d'une chancellerie royale responsable de la production centralisée de chartes royales et, au xie siècle, de writs, et, finalement, les mécanismes de l'administration locale de la justice et de résolution des conflits. Le r?le de la loi et l'administration de celle-ci tiennent une place centrale dans cette discussion, un domaine que domine Patrick Wormald par ses contributions à l'histoire du gouvernement et de l'administration du roi, mais aussi par la manière dont il a su élargir le débat à la question de la formation de l'état, et à la place, dans ce processus, de la promulgation des lois. Pour Wormald, ce n'est pas dans le royaume unifié de la fin du xe siècle qu'il faut rechercher les origines de cet état, mais plus t?t, au temps du roi Alfred : Le paradoxe du Domboc d'Alfred est que ce texte profondément traditionaliste marque le moment où la loi devint l'arme agressive du nouvel état. 15 On voit, sans peine, comment un intérêt pour le processus de formation du droit anglais peut amener à s'intéresser à la longévité des idées juridiques, et, du coup, comment un historien du droit peut être attiré par l'idée de continuité. Ce qui est, sans doute, moins immédiatement apparent, est la conséquence de cette concentration de l'attention des historiens sur le gouvernement et l'administration. tee shirt ralph lauren pas cher La question n'avait cependant pas échappé à Allen Brown : L'étude du gouvernement et de l'administration dans ce sens, "l'Histoire administrative", a été la contribution spécifique du xxe siècle aux études historiques, et il ne fait aucun doute que cet intérêt, qui, s'il fait l'objet d'un sens adéquat de la mesure, peut ajouter une nouvelle dimension au passé, a été la principale cause de la revalorisation des Anglo-Saxons. De nombreux historiens ont fini par mettre l'accent sur le développement exceptionnel du gouvernement, central comme local, dans l'Angleterre d'avant la Conquête. Pour Brown, le danger était de promouvoir les Anglo-Saxons au-dessus de leurs mérites: il y a trop souvent, aujourd'hui, dans les études historiques, une tendance marquée à faire l'éloge peu mérité des réalisations anglaises antérieures à la Conquête, et cela dans presque tous les domaines, du gouvernement jusqu'à l'art et au savoir ; on est tenté de dire que, sur les historiens anglais du xxe siècle, l'influence des Anglo-Saxons s'est accrue, s'accro?t et devrait diminuer . Brown était bien entendu tout aussi partisan, déclarant qu'il aurait combattu au c?té de Guillaume à Hastings si on lui en avait donné la possibilité ; mais en signalant ces dangers, il se révélait presque visionnaire. Il observait, par exemple, lors d'une conférence sur la Conquête normande délivrée devant la Royal Historical Society l'année du 900e anniversaire de la bataille d'Hastings: En 1908, F.M. Stenton écrivait que l'unité apparente de l'Angleterre anglo-saxonne était "très trompeuse", et il ne semble pas que l'accent mis plus récemment sur l'"Histoire administrative" ait beaucoup modifié cette conclusion. vetement ralph lauren soldes Cette tendance a même, sans doute, contribué à rendre plus obscurs encore les développements politiques dans l'Angleterre d'avant la Conquête, lesquels semblent pourtant bien indiquer un manque d'unité qui allait s'avérer désastreux. Le Danelaw en est l'exemple le plus frappant. 16 Brown avait raison de dire que cette attention portée à l'histoire administrative et, en particulier, à la prétendue précocité de la machine gouvernementale anglo-saxonne, tendait à donner une unité et une uniformité exagérées au royaume de la fin de la période anglo-saxonne. C'est sans doute chez Galbraith que l'on trouve l'expression la plus extrême d'une telle vision, en particulier au sujet de l'étendue des réalisations anglo-saxonnes: la création, au xe siècle, d'un ordre administratif de comtés, de centaines et de boroughs, toute la structure articulée par le writ royal adressé à la cour du shire . Avec cet indice entre nos mains, l'histoire anglo-saxonne prend un aspect totalement nouveau. Au lieu d'une société endormie, arriérée, on discerne les contours d'un peuple précoce, assez familier de l'écrit, un peuple civilisé à sa manière et dans sa propre langue… Bien avant la conquête normande, donc, les rois saxons avaient un secrétariat à eux, et le premier grand pas avait été franchi dans la direction d'un gouvernement bureaucratique. Cette vision des choses n'emportait cependant pas l'adhésion de tous.
L'argument de Darlington était que l'Angleterre contrastait en effet fortement avec les états européens, mais que ce contraste résidait dans l'étendue de sa civilisation, dans la force de sa monarchie et, surtout, dans son système de gouvernement. Cette thèse reposait sur l'étude de la fonction militaire et administrative des earls, des représentants du roi dans les shires (thegns, reeves et shire reeves), de la signification que l'on peut donner à l'apparition de la centaine comme unité administrative, de la levée du danegeld, un imp?t national assis sur la terre , et finalement de l'usage de l'écrit dans le gouvernement. On trouve là, en germe, toutes les questions sur lesquelles l'attention des historiens s'est portée depuis soixante ans: le caractère sophistiqué de l'organisation fiscale du royaume de la période anglo-saxonne tardive, le r?le des reeves - shire reeves ou sheriffs - dans l'administration locale des régions, ainsi que l'étendue de leurs obligations vis-à-vis de l'earl ou du roi, mais aussi la quantité de pièces de monnaie en circulation et les niveaux de danegeld et heregeld levés au xie siècle, l'existence, ou non, d'une chancellerie royale responsable de la production centralisée de chartes royales et, au xie siècle, de writs, et, finalement, les mécanismes de l'administration locale de la justice et de résolution des conflits. Le r?le de la loi et l'administration de celle-ci tiennent une place centrale dans cette discussion, un domaine que domine Patrick Wormald par ses contributions à l'histoire du gouvernement et de l'administration du roi, mais aussi par la manière dont il a su élargir le débat à la question de la formation de l'état, et à la place, dans ce processus, de la promulgation des lois. Pour Wormald, ce n'est pas dans le royaume unifié de la fin du xe siècle qu'il faut rechercher les origines de cet état, mais plus t?t, au temps du roi Alfred : Le paradoxe du Domboc d'Alfred est que ce texte profondément traditionaliste marque le moment où la loi devint l'arme agressive du nouvel état. 15 On voit, sans peine, comment un intérêt pour le processus de formation du droit anglais peut amener à s'intéresser à la longévité des idées juridiques, et, du coup, comment un historien du droit peut être attiré par l'idée de continuité. Ce qui est, sans doute, moins immédiatement apparent, est la conséquence de cette concentration de l'attention des historiens sur le gouvernement et l'administration. tee shirt ralph lauren pas cher La question n'avait cependant pas échappé à Allen Brown : L'étude du gouvernement et de l'administration dans ce sens, "l'Histoire administrative", a été la contribution spécifique du xxe siècle aux études historiques, et il ne fait aucun doute que cet intérêt, qui, s'il fait l'objet d'un sens adéquat de la mesure, peut ajouter une nouvelle dimension au passé, a été la principale cause de la revalorisation des Anglo-Saxons. De nombreux historiens ont fini par mettre l'accent sur le développement exceptionnel du gouvernement, central comme local, dans l'Angleterre d'avant la Conquête. Pour Brown, le danger était de promouvoir les Anglo-Saxons au-dessus de leurs mérites: il y a trop souvent, aujourd'hui, dans les études historiques, une tendance marquée à faire l'éloge peu mérité des réalisations anglaises antérieures à la Conquête, et cela dans presque tous les domaines, du gouvernement jusqu'à l'art et au savoir ; on est tenté de dire que, sur les historiens anglais du xxe siècle, l'influence des Anglo-Saxons s'est accrue, s'accro?t et devrait diminuer . Brown était bien entendu tout aussi partisan, déclarant qu'il aurait combattu au c?té de Guillaume à Hastings si on lui en avait donné la possibilité ; mais en signalant ces dangers, il se révélait presque visionnaire. Il observait, par exemple, lors d'une conférence sur la Conquête normande délivrée devant la Royal Historical Society l'année du 900e anniversaire de la bataille d'Hastings: En 1908, F.M. Stenton écrivait que l'unité apparente de l'Angleterre anglo-saxonne était "très trompeuse", et il ne semble pas que l'accent mis plus récemment sur l'"Histoire administrative" ait beaucoup modifié cette conclusion. vetement ralph lauren soldes
Cette tendance a même, sans doute, contribué à rendre plus obscurs encore les développements politiques dans l'Angleterre d'avant la Conquête, lesquels semblent pourtant bien indiquer un manque d'unité qui allait s'avérer désastreux. Le Danelaw en est l'exemple le plus frappant. 16 Brown avait raison de dire que cette attention portée à l'histoire administrative et, en particulier, à la prétendue précocité de la machine gouvernementale anglo-saxonne, tendait à donner une unité et une uniformité exagérées au royaume de la fin de la période anglo-saxonne. C'est sans doute chez Galbraith que l'on trouve l'expression la plus extrême d'une telle vision, en particulier au sujet de l'étendue des réalisations anglo-saxonnes: la création, au xe siècle, d'un ordre administratif de comtés, de centaines et de boroughs, toute la structure articulée par le writ royal adressé à la cour du shire . Avec cet indice entre nos mains, l'histoire anglo-saxonne prend un aspect totalement nouveau. Au lieu d'une société endormie, arriérée, on discerne les contours d'un peuple précoce, assez familier de l'écrit, un peuple civilisé à sa manière et dans sa propre langue… Bien avant la conquête normande, donc, les rois saxons avaient un secrétariat à eux, et le premier grand pas avait été franchi dans la direction d'un gouvernement bureaucratique. Cette vision des choses n'emportait cependant pas l'adhésion de tous.
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