C'est cette prégnance révolutionnaire qui détermine de manière évidente la passion de l'orateur à s'emparer du débat de l'amnistie, et à montrer à cette occasion son agilité intellectuelle pour articuler l'une à l'autre les différentes périodes de l'histoire récente.11 En dernier lieu, et de manière moins spécifique à l'époque, les préférences idéologiques autoritaires de l'orateur ont également leur part. On sait que, comme tant d'autres notables locaux, celui-ci avait en réalité fort go?té les avantages du régime d'ordre instauré par Napoléon, que ce soit au conseil municipal d'Angers ou au conseil général de Maine-et-Loire, à la présidence duquel il a accédé en 1813[12] [12] Cette satisfaction est attest233;e par une d233;l233;gation du...suite. Or, les partisans d'un mode de gouvernement à poigne tels que La Bourdonnaye sont spontanément les plus enclins à une attitude de répugnance irrépressible envers le monnayage semi-honteux de la paix civile que représente l'amnistie; ceci explique qu'au sein des sensibilités marginales, l'extrême-droite soit un réceptacle privilégié de l'allergie à cette procédure, quelle que soit la période historique considérée[13] [13] On en veut pour preuve, bien loin de la Restauration, cet. sacs à main femme pas cher ..suite.Si ces trois facteurs, conjoncturel, historique, et idéologique, entrent probablement tous en ligne de compte dans l'état d'esprit de l'orateur, le traumatisme révolutionnaire fait figure de moteur absolument incomparable qui, seul, peut faire basculer le notable dans une violence oratoire rompant toute mesure. Derrière les formules stylistiques frappantes, l'objectif principal de La Bourdonnaye est en réalité de mener un combat aussi apre que délicat contre un carcan constitutionnel qui restreint au maximum l'utilisation politique du passé récent.L'occultation débonnaire du passé, constitutive du régime de la Restauration12 L'amnistie est précisément l'instrument qui doit rendre cet objectif réalisable, à une condition près, qui fait figure de condition sine qua non posée d'emblée par le tribun comme un principe fondateur: conserver [à l'amnistie] le caractère de grandeur qui doit la distinguer de la faiblesse (p. 4)[14] [14] On se fonde pour la pagination sur l'233;dition originale. sacs à main femme soldes ..suite. Par cette formule en apparence anodine, l'orateur met d'emblée le doigt sur l'ambigu?té des fonctions remplies par l'amnistie, et sur sa ferme décision de faire prévaloir exclusivement l'une d'entre elles.13 Car, si le recours à l'amnistie n'est jamais chose aisée[15] [15] À titre d'exemple concret, St233;phane Gacon, dans L'amnistie,... bruno vanessa suite, c'est que cette procédure couvre le passé récent du double manteau de la magnanimité ostentatoire et de la réconciliation collective. Or, en vérité, en fonction de celui des deux buts ultimes qui est privilégié, l'amnistie semble a priori bien duelle, ce que traduit bien l'articulation entre grandeur et faiblesse soulignée par le parlementaire royaliste. En effet, soit elle ressource de manière périodique l'autorité du pouvoir par un pardon rituel à la portée tout à la fois symbolique et restreinte: l'amnistie s'apparente alors à une parade, saisonnière ou exceptionnelle, ou plus précisément à une régalade princière offrant à la nation l'effacement d'infractions ramenées uniformément, par cet acte de générosité, au rang de menues vétilles, incommensurables avec l'autorité formidable des pouvoirs publics; soit elle achète plus ou moins durement le prix de la paix et de l'autorité, et tente de désarmer ses adversaires, en leur donnant des gages, et aussi en englobant parfois les turpitudes de ses propres fidèles dans le champ d'une amnistie transformée alors en un vaste marchandage.14 Une telle disjonction est rarement explicite, car le prestige de la première posture, celle du vainqueur magnanime, incite les initiateurs de toutes les amnisties, même négociées et contraintes, à présenter celles-ci comme un nouveau pardon d'Auguste, élargi du reste de la grace individuelle à l'amnistie, qui a une visée générale. Cette duplicité constitue logiquement pour ses promoteurs un des intérêts majeurs de l'amnistie, en surévaluant symboliquement la force et l'autonomie de la décision publique; elle offre en même temps prise à la critique de la part d'opposants internes prompts à dénoncer ces supercheries demi-habiles masquant, tel un paravent, l'abaissement du pouvoir d'état. C'est exactement dans cette configuration que prend place l'argumentation de La Bourdonnaye.15 La trame chronologique intrigue d'abord: on ne peut qu'être frappé par la date extraordinairement précoce pour envisager l'amnistie, quatre mois seulement après la seconde Restauration et la fin des Cent-Jours[16] [16] La proposition parlementaire de La Bourdonnaye et celles,.
..suite.Si ces trois facteurs, conjoncturel, historique, et idéologique, entrent probablement tous en ligne de compte dans l'état d'esprit de l'orateur, le traumatisme révolutionnaire fait figure de moteur absolument incomparable qui, seul, peut faire basculer le notable dans une violence oratoire rompant toute mesure. Derrière les formules stylistiques frappantes, l'objectif principal de La Bourdonnaye est en réalité de mener un combat aussi apre que délicat contre un carcan constitutionnel qui restreint au maximum l'utilisation politique du passé récent.L'occultation débonnaire du passé, constitutive du régime de la Restauration12 L'amnistie est précisément l'instrument qui doit rendre cet objectif réalisable, à une condition près, qui fait figure de condition sine qua non posée d'emblée par le tribun comme un principe fondateur: conserver [à l'amnistie] le caractère de grandeur qui doit la distinguer de la faiblesse (p. 4)[14] [14] On se fonde pour la pagination sur l'233;dition originale. sacs à main femme soldes ..suite. Par cette formule en apparence anodine, l'orateur met d'emblée le doigt sur l'ambigu?té des fonctions remplies par l'amnistie, et sur sa ferme décision de faire prévaloir exclusivement l'une d'entre elles.13 Car, si le recours à l'amnistie n'est jamais chose aisée[15] [15] À titre d'exemple concret, St233;phane Gacon, dans L'amnistie,... bruno vanessa
suite, c'est que cette procédure couvre le passé récent du double manteau de la magnanimité ostentatoire et de la réconciliation collective. Or, en vérité, en fonction de celui des deux buts ultimes qui est privilégié, l'amnistie semble a priori bien duelle, ce que traduit bien l'articulation entre grandeur et faiblesse soulignée par le parlementaire royaliste. En effet, soit elle ressource de manière périodique l'autorité du pouvoir par un pardon rituel à la portée tout à la fois symbolique et restreinte: l'amnistie s'apparente alors à une parade, saisonnière ou exceptionnelle, ou plus précisément à une régalade princière offrant à la nation l'effacement d'infractions ramenées uniformément, par cet acte de générosité, au rang de menues vétilles, incommensurables avec l'autorité formidable des pouvoirs publics; soit elle achète plus ou moins durement le prix de la paix et de l'autorité, et tente de désarmer ses adversaires, en leur donnant des gages, et aussi en englobant parfois les turpitudes de ses propres fidèles dans le champ d'une amnistie transformée alors en un vaste marchandage.14 Une telle disjonction est rarement explicite, car le prestige de la première posture, celle du vainqueur magnanime, incite les initiateurs de toutes les amnisties, même négociées et contraintes, à présenter celles-ci comme un nouveau pardon d'Auguste, élargi du reste de la grace individuelle à l'amnistie, qui a une visée générale. Cette duplicité constitue logiquement pour ses promoteurs un des intérêts majeurs de l'amnistie, en surévaluant symboliquement la force et l'autonomie de la décision publique; elle offre en même temps prise à la critique de la part d'opposants internes prompts à dénoncer ces supercheries demi-habiles masquant, tel un paravent, l'abaissement du pouvoir d'état. C'est exactement dans cette configuration que prend place l'argumentation de La Bourdonnaye.15 La trame chronologique intrigue d'abord: on ne peut qu'être frappé par la date extraordinairement précoce pour envisager l'amnistie, quatre mois seulement après la seconde Restauration et la fin des Cent-Jours[16] [16] La proposition parlementaire de La Bourdonnaye et celles,.
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