66 éric AnceauPhilippe LEFEBVRE, L'invention de la grande entreprise. Travail, hiérarchie, mar ché. France, fin XVIIIe-début XXe siècle, Paris, Presses Universitaires de France, 2003, 310 p.67 Partant du constat que les recherches sur la formation des grandes entreprises et sur la formation du travail moderne (fin XVIIIe-première moitié du XXe siècle) s'ignorent mutuellement, Ph. Lefebvre cherche à articuler ces deux grands ensembles en posant la problématique de l'émergence de la hiérarchie intermédiaire dans les grandes entreprises fran?aises. Sa thèse, point de départ de l'ouvrage, portait déjà sur la formation des grandes entreprises et les innovations dans les relations de travail.68 Dans une longue introduction, il critique les travaux de Marx pour ne pas avoir pris en compte la hiérarchie et l'avoir considérée comme quelque chose de naturel. Doudoune moncler noir soldes La critique de Chandler est plus argumentée. Il souligne que ce dernier a davantage décrit un état dela hiérarchie sans parler de sa genèse. Ensept chapitres, l'auteur va s'attacher à construire un paradigme sur la longue émergence de la hiérarchie et de son évolution en se basant sur des travaux existants comme des monographies d'entreprise, des études régionales et sectorielles, des enquêtes industrielles et ouvrières, des témoignages divers, etc. Toutefois, l'auteur a restreint son étude à certains secteurs majeurs de la grande industrie, tels l'indiennerie, pour la fin du XVIIIe, le coton, les mines de charbon et la métallurgie, et à la construction mécanique pour la seconde révolution industrielle.69 L'ouvrage est structuré en deux parties, plus ou moins égales, qui traitent de la situation avant 1870, et de 1870 jusqu'au début du XXe siècle. L'étude débute par une mise à plat des formes de division du travail et de coordination dans l'atelier et dans les grandes manufactures d'indiennage à la fin du XVIIIe. Cela permet à l'auteur de dégager au moins quatre grands types de division manufacturière du travail et de souligner que la hiérarchie joue un r?le mineur dans ces manufactures. doudoune femme pas cher Lorsqu'il scrute l'organisation des grandes usines de la première révolution industrielle, il constate une faiblesse analogue de la hiérarchie. Ainsi, jusqu'en 1870, la hiérarchie dans les ateliers des grandes entreprises n'est qu'embryonnaire?; ceci étant d? aux faiblesses des équipements techniques, de la concurrence sur le marché des produits et du besoin d'abaisser les prix de revient, le tout doublé d'un marché du travail favorable aux ouvriers.70 Avant d'évoquer son évolution, il consacre une longue critique de la théorie de l'économiste O. E. Willamson en s'attachant à démontrer qu'il fige, lui aussi, la hiérarchie, sans voir qu'elle conna?t de profondes transformations dans le temps, notamment dans la période de basculement. Cette introduction de la seconde partie permet à l'auteur de dégager les divers facteurs qui conduisent à la transformation hiérarchique. Parmi les facteurs considérés comme formant le noyau dur de cet essor, il y a l'association entre les transformations des techniques de production, un marché des produits plus ouvert et concurrentiel et un renversement du rapport offre-demande de travail. doudoune femme Il reconna?t que le poids relatif, la forme précise et la nature exacte des conséquences de chacun des trois facteurs communs aux quatre secteurs étudiés sont variables?; par exemple, la part du marché du travail dans l'évolution hiérarchique du textile, des mines et de la métallurgie est sensiblement plus forte que dans la mécanique où les ouvriers, très qualifiés, ont pu préserver des pans entiers de leur métier (contr?le du placement, apprentissage, salaires…). Il peut ainsi expliquer comment les contrema?tres acquièrent, en quelques décennies, de très grandes responsabilités dans l'usine et pourquoi ce pouvoir n'est pas remis en cause par l'entrée en scène des ingénieurs. Enfin, il éclaire le processus par lequel les entreprises ont progressivement construit les conditions d'efficacité d'action de la hiérarchie intermédiaire dans son nouveau r?le, ses conditions de légitimité vis-à-vis des ouvriers, et les conditions de son contr?le par les directions d'entreprise. Ce livre stimulant ouvre aux historiens la voie de la multiplicité des regards croisés propre à chaque discipline qu'il s'agisse de l'économie, de la gestion, de la sociologie ou de l'histoire.71 Fran?ois RobertVoies nouvelles pour l'Histoire du Premier Empire, Territoires, Pouvoirs, Identités, textes réunis et présentés par Natalie Petiteau, La Boutique de l'histoire, Paris, 2003, 302 p.72 Ce volume présente les actes d'un colloque organisé en mai 2000 à l'Université d'Avignon par N. Petiteau, alors qu'elle préparait son HDR, soutenue un an plus tard devant un jury déjà composé parmi les participants, et publiée d'ailleurs en même temps par le même éditeur.
started by xcandy002 on 30 Dec 14
La critique de Chandler est plus argumentée. Il souligne que ce dernier a davantage décrit un état dela hiérarchie sans parler de sa genèse. Ensept chapitres, l'auteur va s'attacher à construire un paradigme sur la longue émergence de la hiérarchie et de son évolution en se basant sur des travaux existants comme des monographies d'entreprise, des études régionales et sectorielles, des enquêtes industrielles et ouvrières, des témoignages divers, etc. Toutefois, l'auteur a restreint son étude à certains secteurs majeurs de la grande industrie, tels l'indiennerie, pour la fin du XVIIIe, le coton, les mines de charbon et la métallurgie, et à la construction mécanique pour la seconde révolution industrielle.69 L'ouvrage est structuré en deux parties, plus ou moins égales, qui traitent de la situation avant 1870, et de 1870 jusqu'au début du XXe siècle. L'étude débute par une mise à plat des formes de division du travail et de coordination dans l'atelier et dans les grandes manufactures d'indiennage à la fin du XVIIIe. Cela permet à l'auteur de dégager au moins quatre grands types de division manufacturière du travail et de souligner que la hiérarchie joue un r?le mineur dans ces manufactures. doudoune femme pas cher Lorsqu'il scrute l'organisation des grandes usines de la première révolution industrielle, il constate une faiblesse analogue de la hiérarchie. Ainsi, jusqu'en 1870, la hiérarchie dans les ateliers des grandes entreprises n'est qu'embryonnaire?; ceci étant d? aux faiblesses des équipements techniques, de la concurrence sur le marché des produits et du besoin d'abaisser les prix de revient, le tout doublé d'un marché du travail favorable aux ouvriers.70 Avant d'évoquer son évolution, il consacre une longue critique de la théorie de l'économiste O. E. Willamson en s'attachant à démontrer qu'il fige, lui aussi, la hiérarchie, sans voir qu'elle conna?t de profondes transformations dans le temps, notamment dans la période de basculement. Cette introduction de la seconde partie permet à l'auteur de dégager les divers facteurs qui conduisent à la transformation hiérarchique. Parmi les facteurs considérés comme formant le noyau dur de cet essor, il y a l'association entre les transformations des techniques de production, un marché des produits plus ouvert et concurrentiel et un renversement du rapport offre-demande de travail. doudoune femme
Il reconna?t que le poids relatif, la forme précise et la nature exacte des conséquences de chacun des trois facteurs communs aux quatre secteurs étudiés sont variables?; par exemple, la part du marché du travail dans l'évolution hiérarchique du textile, des mines et de la métallurgie est sensiblement plus forte que dans la mécanique où les ouvriers, très qualifiés, ont pu préserver des pans entiers de leur métier (contr?le du placement, apprentissage, salaires…). Il peut ainsi expliquer comment les contrema?tres acquièrent, en quelques décennies, de très grandes responsabilités dans l'usine et pourquoi ce pouvoir n'est pas remis en cause par l'entrée en scène des ingénieurs. Enfin, il éclaire le processus par lequel les entreprises ont progressivement construit les conditions d'efficacité d'action de la hiérarchie intermédiaire dans son nouveau r?le, ses conditions de légitimité vis-à-vis des ouvriers, et les conditions de son contr?le par les directions d'entreprise. Ce livre stimulant ouvre aux historiens la voie de la multiplicité des regards croisés propre à chaque discipline qu'il s'agisse de l'économie, de la gestion, de la sociologie ou de l'histoire.71 Fran?ois RobertVoies nouvelles pour l'Histoire du Premier Empire, Territoires, Pouvoirs, Identités, textes réunis et présentés par Natalie Petiteau, La Boutique de l'histoire, Paris, 2003, 302 p.72 Ce volume présente les actes d'un colloque organisé en mai 2000 à l'Université d'Avignon par N. Petiteau, alors qu'elle préparait son HDR, soutenue un an plus tard devant un jury déjà composé parmi les participants, et publiée d'ailleurs en même temps par le même éditeur.