?371).30 Florence ButtayManuel CHARPY, Claire FREDJ (éd.), Lettres du Mexique. Itinéraires du zouave Augustin-Louis Frélaut 1862-1867, Paris, éditions Nicolas Philippe, 2003, 395 p.31 La campagne du Mexique, sans doute en raison de son échec final, n'a pas suscité à long terme en France une mémoire et des travaux aussi importants que les autres campagnes extérieures de Napoléon III en Crimée ou en Italie. Par ailleurs, en tant qu'expédition militaire exotique , elle a été ensuite marginalisée par la conquête coloniale, dont l'histoire est aujourd'hui en pleine expansion et sort du seul débat entre apologie et dénonciation.32 C'est assez dire l'intérêt de la publication, dans une collection nouvelle qu'elle inaugure, de la correspondance envoyée pendant cinq ans à son frère curé par le capitaine de zouave Frélaut. trench burberry femme pas cher Celui-ci eut en effet le redoutable privilège de rester au Mexique pendant la presque totalité de l'expédition, en partageant l'enthousiasme initial puis la lassitude grandissante jusqu'au dégo?t. cette correspondance est d'abord un merveilleux témoignage sur l'échec du rêve mexicain de Napoléon III. Très renseigné et fort lucide, le capitaine Frélaut prend en effet très vite conscience des problèmes de logistique (absence de communications fiables) et d'effectifs (faiblesse quantitative du corps expéditionnaire fran?ais comme des troupes européennes qui accompagneront bient?t l'Empereur Maximilien ; nullité militaire des soutiens mexicains) qui rendent illusoire l'idée d'un contr?le durable du terrain face à une opposition libérale qui pratique la guérilla et les expéditions punitives contre les populations ralliées au gouvernement de Mexico. Très critique vis-à-vis des alliés mexicains (considérés comme inefficaces ou laches), des populations indiennes dont la passivité le fascine au point qu'il en exalte presque les indigènes algériens affrontés lors de ses campagnes précédentes, il per?oit rapidement l'impasse politique de l'expédition et la gêne du gouvernement fran?ais à se tirer de ce faux-pas. Bien qu'attaché à effectuer rigoureusement son devoir contre les bandits anti-gouvernementaux, qu'ils fusillent sans état d'ame quand il les capture, le capitaine Frélaut ne pense bient?t plus qu'à repartir du Mexique dont rien ne trouve grace à ses yeux (du climat à la nourriture, en passant par les femmes) pour retrouver sa famille bretonne et des garnisons plus exaltantes en Algérie.33 En outre, le document, qui donne lieu à un décryptage utile et original de la part de Manuel Charpy et Claire Fredj dans un long chapitre final (85 p.), observer la mise en place de troupes de contre-guérilla comme les formes de loisirs des militaires en campagne, mais aussi suivre, sur un plan plus personnel, les tactiques déployées par un officier à la recherche d'un avancement et d'un possible mariage en métropole, permettant de situer aisément les personnes citées dans les lettres, nous disposons désormais d'un travail original et éclairant (en outre fort agréable à lire) sur la campagne du Mexique et sur le monde militaire du Second Empire. Doudoune moncler bleu marine pas cher Vincent GourdonOlivier COMPAGNON, Jacques Maritain et l'Amérique du Sud. Le modèle malgré lui, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2003, 395 p.35 Lorsqu'en ao?t 1936, le philosophe chrétien fran?ais Jacques Maritain arrive dans les ports de Rio puis de Buenos Aires à l'appel de ses premiers disciples sud-américains, il est encore loin de se douter de l'influence que sa pensée est en train d'acquérir dans le sous-continent pour des décennies. Car, si en France, Jacques Maritain a surtout marqué le paysage intellectuel dans la période de l'entre-deux-guerres, dans certains pays d'Amérique du Sud il constitua une référence essentielle dans la constitution d'une culture politique démocrate-chrétienne après la Seconde Guerre mondiale. C'est en effet en s'appuyant sur la pensée de l'auteur d'Humanisme intégral qu'est rédigée en 1947 la Déclaration de Montevideo. Or, comme le rappelle Olivier Compagnon, ce texte jette les bases d'une démocratie chrétienne spécifiquement latino-américaine , dont les succès politiques viendront dans les années 1960 avec l'accession à la présidence de leurs pays respectifs de deux maritainiens proclamés, le chilien Eduardo Frei Montalva (1964-1970) et le vénézuelien Rafael Caldera (1969-1974).36 Cette influence longue, Olivier Compagnon entend la décrire dans le temps et l'espace et en expliquer les ressorts, tant il la pense structurante pour saisir l'histoire politique du sous-continent de la première guerre mondiale aux années 1970, quand l'influence du philosophe, décédé en 1973, commence à s'estomper au profit d'autres problématisations, telle la théologie de la libération. doudoune moncler pas cher Mais l'auteur met aussi l'accent sur les ambigu?tés de cette réception car, comme l'indique le sous-titre du livre, si la pensée de Maritain est souvent hissée au rang de modèle théologique et politique, c'est fréquemment au prix de décalages avec l'évolution intellectuelle du philosophe, ou d'omissions de pans entiers de ses conceptions. On retrouve d'ailleurs ces traits chez les détracteurs (nombreux) que la montée en puissance de l'influence maritainienne dans les années 1930-1940 suscite.37 Olivier Compagnon montre ainsi la précocité de la réception du maritainisme dès les années 1920 dans certaines élites catholiques du Brésil (le Centro Dom Vital à Rio) ou du c?ne Sud (les Cursos de Cultura Catolica à Buenos Aires). C'est alors le philosophe thomiste, le catholique intransigeant, l'auteur de l'explicite Antimoderne qui séduit les avant-gardes du renacimiento catolico de l'entre-deux-guerres sud-américain, qui ont per?u dans la meurtrière et européenne guerre de 14-18 la preuve de l'impasse d'un monde matérialiste et anthropocentrique oublieux des valeurs chrétiennes. Toutefois, Olivier Compagnon signale également que le tournant anti-maurrassien de la pensée maritainienne, à partir de la condamnation papale de l'Action fran?aise, n'est guère per?ue sur le moment en Amérique latine. D'où l'étonnement d'une grande partie des premiers maritainiens d'inspiration intransigeantiste lorsqu'au moment de la guerre d'Espagne, le philosophe refuse logiquement de soutenir la thématique franquiste de croisade et de restauration catholique, au nom même de son concept de nouvelle chrétienté et de sa condamnation de la confusion des plans temporel et spirituel. S'ensuivent 15 ans de dures polémiques.
Celui-ci eut en effet le redoutable privilège de rester au Mexique pendant la presque totalité de l'expédition, en partageant l'enthousiasme initial puis la lassitude grandissante jusqu'au dégo?t. cette correspondance est d'abord un merveilleux témoignage sur l'échec du rêve mexicain de Napoléon III. Très renseigné et fort lucide, le capitaine Frélaut prend en effet très vite conscience des problèmes de logistique (absence de communications fiables) et d'effectifs (faiblesse quantitative du corps expéditionnaire fran?ais comme des troupes européennes qui accompagneront bient?t l'Empereur Maximilien ; nullité militaire des soutiens mexicains) qui rendent illusoire l'idée d'un contr?le durable du terrain face à une opposition libérale qui pratique la guérilla et les expéditions punitives contre les populations ralliées au gouvernement de Mexico. Très critique vis-à-vis des alliés mexicains (considérés comme inefficaces ou laches), des populations indiennes dont la passivité le fascine au point qu'il en exalte presque les indigènes algériens affrontés lors de ses campagnes précédentes, il per?oit rapidement l'impasse politique de l'expédition et la gêne du gouvernement fran?ais à se tirer de ce faux-pas. Bien qu'attaché à effectuer rigoureusement son devoir contre les bandits anti-gouvernementaux, qu'ils fusillent sans état d'ame quand il les capture, le capitaine Frélaut ne pense bient?t plus qu'à repartir du Mexique dont rien ne trouve grace à ses yeux (du climat à la nourriture, en passant par les femmes) pour retrouver sa famille bretonne et des garnisons plus exaltantes en Algérie.33 En outre, le document, qui donne lieu à un décryptage utile et original de la part de Manuel Charpy et Claire Fredj dans un long chapitre final (85 p.), observer la mise en place de troupes de contre-guérilla comme les formes de loisirs des militaires en campagne, mais aussi suivre, sur un plan plus personnel, les tactiques déployées par un officier à la recherche d'un avancement et d'un possible mariage en métropole, permettant de situer aisément les personnes citées dans les lettres, nous disposons désormais d'un travail original et éclairant (en outre fort agréable à lire) sur la campagne du Mexique et sur le monde militaire du Second Empire. Doudoune moncler bleu marine pas cher Vincent GourdonOlivier COMPAGNON, Jacques Maritain et l'Amérique du Sud. Le modèle malgré lui, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2003, 395 p.35 Lorsqu'en ao?t 1936, le philosophe chrétien fran?ais Jacques Maritain arrive dans les ports de Rio puis de Buenos Aires à l'appel de ses premiers disciples sud-américains, il est encore loin de se douter de l'influence que sa pensée est en train d'acquérir dans le sous-continent pour des décennies. Car, si en France, Jacques Maritain a surtout marqué le paysage intellectuel dans la période de l'entre-deux-guerres, dans certains pays d'Amérique du Sud il constitua une référence essentielle dans la constitution d'une culture politique démocrate-chrétienne après la Seconde Guerre mondiale. C'est en effet en s'appuyant sur la pensée de l'auteur d'Humanisme intégral qu'est rédigée en 1947 la Déclaration de Montevideo. Or, comme le rappelle Olivier Compagnon, ce texte jette les bases d'une démocratie chrétienne spécifiquement latino-américaine , dont les succès politiques viendront dans les années 1960 avec l'accession à la présidence de leurs pays respectifs de deux maritainiens proclamés, le chilien Eduardo Frei Montalva (1964-1970) et le vénézuelien Rafael Caldera (1969-1974).36 Cette influence longue, Olivier Compagnon entend la décrire dans le temps et l'espace et en expliquer les ressorts, tant il la pense structurante pour saisir l'histoire politique du sous-continent de la première guerre mondiale aux années 1970, quand l'influence du philosophe, décédé en 1973, commence à s'estomper au profit d'autres problématisations, telle la théologie de la libération. doudoune moncler pas cher
Mais l'auteur met aussi l'accent sur les ambigu?tés de cette réception car, comme l'indique le sous-titre du livre, si la pensée de Maritain est souvent hissée au rang de modèle théologique et politique, c'est fréquemment au prix de décalages avec l'évolution intellectuelle du philosophe, ou d'omissions de pans entiers de ses conceptions. On retrouve d'ailleurs ces traits chez les détracteurs (nombreux) que la montée en puissance de l'influence maritainienne dans les années 1930-1940 suscite.37 Olivier Compagnon montre ainsi la précocité de la réception du maritainisme dès les années 1920 dans certaines élites catholiques du Brésil (le Centro Dom Vital à Rio) ou du c?ne Sud (les Cursos de Cultura Catolica à Buenos Aires). C'est alors le philosophe thomiste, le catholique intransigeant, l'auteur de l'explicite Antimoderne qui séduit les avant-gardes du renacimiento catolico de l'entre-deux-guerres sud-américain, qui ont per?u dans la meurtrière et européenne guerre de 14-18 la preuve de l'impasse d'un monde matérialiste et anthropocentrique oublieux des valeurs chrétiennes. Toutefois, Olivier Compagnon signale également que le tournant anti-maurrassien de la pensée maritainienne, à partir de la condamnation papale de l'Action fran?aise, n'est guère per?ue sur le moment en Amérique latine. D'où l'étonnement d'une grande partie des premiers maritainiens d'inspiration intransigeantiste lorsqu'au moment de la guerre d'Espagne, le philosophe refuse logiquement de soutenir la thématique franquiste de croisade et de restauration catholique, au nom même de son concept de nouvelle chrétienté et de sa condamnation de la confusion des plans temporel et spirituel. S'ensuivent 15 ans de dures polémiques.
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