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N UGUEN

Machine à écrire et matières à penser | Ars Industrialis - 0 views

  • Qu'il soit écrivain, professeur, étudiant, "intellectuel", mais aussi ingénieur, avocat, journaliste ou administrateur, un lecteur "professionnel" utilise diverses techniques de balisage et d'orientation que matérialisent des « habitudes graphiques » et/ou spatiales, qu'il en systématise ou non l'usage : signes d'annotations de significations diverses (croix et traits en marges, soulignements aux tracés divers dans le corps même du texte imprimé, etc.), techniques de résumé et de synthèse, fichiers, dossiers, etc. Il glose les textes, les indexe, les met en rapport par des systèmes de corrélation (les fichiers), y extrait des passages pour des citations, utilise des instruments de recherche (bibliographies, revues spécialisées, dictionnaires, encyclopédies).
    • N UGUEN
       
      Traces de l'activité de lecture
  • Toutes ces techniques de lecture visent à créer des liens qualifiés  entre des documents ou des passages dans des documents. Les techniques hypertextuelles actuellement développées par le génie logiciel permettent d'intégrer rigoureusement, en les automatisant, ces opérations. L'avantage en est que la mémoire de la machine n'oublie pas, tandis que celle du lecteur est essentiellement faillible
  • Lire signifie déjà écrire. La lecture est le travail d'une impression. Souligner, entourer un ou des mots, ficher, rapprocher, corréler, corner une page, glisser un signet, un "post-it", commenter, résumer, schématiser, dresser un plan de cours, rédiger un article, une thèse, un livre : il n'est pas possible de distinguer où, parmi ces opérations, commence l'écriture, où cesse la lecture. Comme on ne lit qu'en inscrivant, on n'écrit qu'en déchiffrant, écrire, c'est toujours lire et relire, citer, monter, enchevêtrer, réagencer ses lectures antérieures, y compris en les oubliant. C'est aussi préparer ses lectures à venir, s'apprêter à lire le nouveau en cheminant par le fouillis textualisé des mots, en capilarisant son corpus, en y tramant ses réseaux.
  • ...3 more annotations...
  •   Les inscriptions en marges ou dans le corps des textes lus, les cahiers de notes, les fichiers, les dossiers, et leur organisation physique dans les rayonnages de la bibliothèque privée et sur le bureau, constituent autant de systèmes personnels d'orientation et de navigation dans l'espace à la fois matériel et spirituel (temporel et virtuel) du travail. Toute une mise en forme matérielle de la textualité et de sa lecture est ainsi opérée non seulement sur l'espace à deux dimensions du support de papier, mais dans le volume tridimensionnel du bureau et de la bibliothèque. Il résulte du transfert de cette mise en forme matérielle de la lecture-écriture sur les supports dynamiques de l'hypertraitement de texte une transformation majeure de l'accès non seulement au texte, mais à la lecture passée de ce texte, telle qu'elle se matérialise elle-même textuellement, à la lettre , à travers toute la gamme des interventions décrites ici sommairement.
  • Dire que la lecture (d'étude ou savante) est une opération d'inscription signifie qu'elle consiste d'abord en une appropriation du texte par intervention directe sur le support statique du papier. Dynamique, le support numérique permet une démultiplication et une exploitation automatique et systématique des opérations d'annotation modélisées selon les techniques de l'informatique. Les actes d'annotation engendrent rapidement, au-delà des seuls repères ou codes graphiques, de l'écriture à proprement parler : notes en marges, mot-clés, commentaires. Les mots-clés créent par ailleurs des liens, des corrélations. Ils donnent également lieu à des listes ou thésaurii , qui sont autant de systèmes de "navigation" dans la mémoire bibliothétique du lecteur. Un système de lecture assistée par ordinateur peut alors reproduire ces techniques traditionnelles en les systématisant et en les intégrant. Il en résulte de nouvelles possibilités instrumentales d'orientation, par combinaisons et extrapolations, dont j'exposerai plus loin quelques aspects.
  • Dans l'exemple précédent, on peut distinguer deux grandes classes d'interventions sur le texte : . des opérations de hiérarchisations (avec 4 niveaux) qui pondèrent le poids de passages du texte, auxquelles correspondent sur le support de papier les soulignements dans le corps du texte et les traits verticaux en marge, . des opérations de qualifications, qui consistent à attribuer des valeurs sémantiques à ces pondérations, par divers moyens :                    . insertions de mots-clés                    . insertions de notes personnelles                    . rédactions de commentaires                    . liens avec d'autres documents (autres passages du même texte ou autres textes, par exemple : sources manuscrites, variantes éditoriales, textes mentionnés en référence, traductions, gloses canoniques, références bibliographiques, etc.).
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    "Lorsqu'elle accède au texte numérisé , c'est l'activité de lecture en général qui se révèle être, dans la plénitude de son acte, essentiellement productrice de marques, traces et annotations - et parfois finalement de textes. La numérisation met en évidence la textualité d'un lecteur toujours potentiellement écrivant et d'un écrivain originairement lecteur . L'écriture y apparaît être une lecture accomplie et inversement."
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