Nationalistes, les élites prennent une certaine revanche sur le passé colonial, a fortiori lorsque les Européens se crispent sur des attitudes rappelant, précisément, la mentalité coloniale. L'affaire Mittal a ainsi été l'occasion de réactions telles, en Europe, que la presse indienne a eu beau jeu de dénoncer le double langage d'une UE qui prône le capitalisme quand cela l'arrange et qui, sinon, en récuse les règles. Et le ministre indien du Commerce extérieur, Kamal Nath, de s'étonner que Mittal soit si mal perçu quand un grand cimentier français a pu racheter un homologue indien. Cet épisode a fait d'autant plus de mal qu'au même moment, la France était accusée par les ONG indiennes de prendre leur pays pour une poubelle en envoyant à la casse, dans les chantiers de récupération du Gujarat, un porte-avions dont le gouvernement français était soupçonné de dissimuler la quantité d'amiante qu'il transportait encore.Si le ton est ainsi monté très vite et si, plus généralement, l'Inde garde ses distances avec l'Europe, c'est aussi que New Delhi poursuit une politique de puissance aux antipodes du discours européen sur les relations internationales. Les Européens postulent que «l'Inde et l'UE partagent une vision du monde fondée sur le multilatéralisme» (1). Or, le discours de l'Inde sur le multilatéralisme et sur la nécessité d'un monde multipolaire est des plus ambigus.Lunettes Soleil Ray Ban Clubmaster Pour ses dirigeants, les États-Unis assurent aujourd'hui un leadership incontournable, tandis que l'Europe se cherche encore et n'est pas un acteur international de premier rang du fait de ses divisions et faute d'une force de projection crédible. L'extrême valorisation de la puissance constitue ici un facteur majeur du manque de considération de l'Inde pour l'UE et de la relative fascination qu'exercent les États-Unis sur les dirigeants indiens. L'Inde se veut non plus un centre de pouvoir régional, mais un des grands acteurs internationaux : si les essais nucléaires de 1998 ont été la première manifestation tangible de cette tendance, celle-ci se traduit aujourd'hui par sa demande insistante d'un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Car à cet égard l'Inde valorise ce temple du multilatéralisme qu'est l'ONU !Pour sortir de l'ornière où s'installent les relations indo-européennes, il faut convaincre New Delhi de l'intérêt et de la réalité d'un système multipolaire respectant les règles du multilatéralisme. Et la balle est largement dans le camp des Européens. D'abord parce qu'il leur appartient de montrer qu'ils forment, eux, un pôle cohérent ! Il faut ici conjurer la tendance au chacun pour soi que les pays membres à commencer par la France continuent de cultiver assidûment. En Inde une telle attitude est rédhibitoire.Lunettes Soleil Padra pas cherÉtant donné sa taille et le rythme de sa montée en puissance, ce pays ne peut pas concevoir un interlocuteur européen autre que l'Union.Au-delà, l'UE peut contribuer à ramener l'Inde dans le giron du multilatéralisme en militant pour son entrée au Conseil de sécurité de l'ONU avec plus de vigueur qu'elle ne le fait déjà. Ce serait le meilleur signal que les Européens pourraient envoyer à une Inde qui craint de voir ces vieux pays lui refuser l'accès aux privilèges qu'ils ont hérités de l'après-guerre et dont jouit son frère ennemi asiatique, la Chine.Or, l'Inde vit mal le biais prochinois de l'Union européenne, un tropisme de fait paradoxal : alors que l'Union européenne dit attacher une grande importance à la démocratie et à l'État de droit, elle focalise son attention sur la Chine dont les états de service sont, de ce point de vue, bien moins honorables que ceux de l'Inde. Du coup, celle-ci prête une oreille d'autant plus complaisante au discours américain qui conjugue la promotion de la démocratie sur tous les tons et dénonce l'autoritarisme chinois. Un rééquilibrage européen en faveur de l'Inde profiterait à l'Europe tant en termes d'image que du point de vue de ses intérêts.L'Europe a donc une carte à jouer, d'autant qu'elle conserve de nombreux atouts économiques à commencer par son savoir-faire en matière d'énergie nucléaire, une des principales raisons de l'intérêt du gouvernement indien pour la France aujourd'hui.Lunettes Soleil Carrera Mais il faut aller vite, car il est déjà bien tard.(1) Commission of the European Communities, «Commission Staff Working Document. Annex to the Communication from the Commission, «An EU-India Strategic Partnership», Bruxelles, 16 juin 2004. Directeur du Ceri-Sciences po/CNRS, auteur de Inde : la démocratie par la caste (Fayard, 2005) et de L'Inde contemporaine (Fayard, 2006). L'Inde et l'Europe, de bonnes intentions mais des divergences de fond Coup sur coup, l'affaire Mittal et celle du Clemenceau viennent de rappeler l'Inde au souvenir des Français. Sa montée en puissance ne fait maintenant plus de doute avec un taux de croissance de 8% l'an et une force de frappe militaire en plein essor. Or, ce pays regarde de plus en plus vers l'Asie et les États-Unis pas vers l'Europe, ni vers la France ou aucun des pays membres de l'UE qui, pris individuellement, sont maintenant bien trop petits pour exister à ses yeux.
Pour ses dirigeants, les États-Unis assurent aujourd'hui un leadership incontournable, tandis que l'Europe se cherche encore et n'est pas un acteur international de premier rang du fait de ses divisions et faute d'une force de projection crédible. L'extrême valorisation de la puissance constitue ici un facteur majeur du manque de considération de l'Inde pour l'UE et de la relative fascination qu'exercent les États-Unis sur les dirigeants indiens. L'Inde se veut non plus un centre de pouvoir régional, mais un des grands acteurs internationaux : si les essais nucléaires de 1998 ont été la première manifestation tangible de cette tendance, celle-ci se traduit aujourd'hui par sa demande insistante d'un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Car à cet égard l'Inde valorise ce temple du multilatéralisme qu'est l'ONU !Pour sortir de l'ornière où s'installent les relations indo-européennes, il faut convaincre New Delhi de l'intérêt et de la réalité d'un système multipolaire respectant les règles du multilatéralisme. Et la balle est largement dans le camp des Européens. D'abord parce qu'il leur appartient de montrer qu'ils forment, eux, un pôle cohérent ! Il faut ici conjurer la tendance au chacun pour soi que les pays membres à commencer par la France continuent de cultiver assidûment. En Inde une telle attitude est rédhibitoire. Lunettes Soleil Padra pas cher Étant donné sa taille et le rythme de sa montée en puissance, ce pays ne peut pas concevoir un interlocuteur européen autre que l'Union.Au-delà, l'UE peut contribuer à ramener l'Inde dans le giron du multilatéralisme en militant pour son entrée au Conseil de sécurité de l'ONU avec plus de vigueur qu'elle ne le fait déjà. Ce serait le meilleur signal que les Européens pourraient envoyer à une Inde qui craint de voir ces vieux pays lui refuser l'accès aux privilèges qu'ils ont hérités de l'après-guerre et dont jouit son frère ennemi asiatique, la Chine.Or, l'Inde vit mal le biais prochinois de l'Union européenne, un tropisme de fait paradoxal : alors que l'Union européenne dit attacher une grande importance à la démocratie et à l'État de droit, elle focalise son attention sur la Chine dont les états de service sont, de ce point de vue, bien moins honorables que ceux de l'Inde. Du coup, celle-ci prête une oreille d'autant plus complaisante au discours américain qui conjugue la promotion de la démocratie sur tous les tons et dénonce l'autoritarisme chinois. Un rééquilibrage européen en faveur de l'Inde profiterait à l'Europe tant en termes d'image que du point de vue de ses intérêts.L'Europe a donc une carte à jouer, d'autant qu'elle conserve de nombreux atouts économiques à commencer par son savoir-faire en matière d'énergie nucléaire, une des principales raisons de l'intérêt du gouvernement indien pour la France aujourd'hui. Lunettes Soleil Carrera
Mais il faut aller vite, car il est déjà bien tard.(1) Commission of the European Communities, «Commission Staff Working Document. Annex to the Communication from the Commission, «An EU-India Strategic Partnership», Bruxelles, 16 juin 2004. Directeur du Ceri-Sciences po/CNRS, auteur de Inde : la démocratie par la caste (Fayard, 2005) et de L'Inde contemporaine (Fayard, 2006). L'Inde et l'Europe, de bonnes intentions mais des divergences de fond Coup sur coup, l'affaire Mittal et celle du Clemenceau viennent de rappeler l'Inde au souvenir des Français. Sa montée en puissance ne fait maintenant plus de doute avec un taux de croissance de 8% l'an et une force de frappe militaire en plein essor. Or, ce pays regarde de plus en plus vers l'Asie et les États-Unis pas vers l'Europe, ni vers la France ou aucun des pays membres de l'UE qui, pris individuellement, sont maintenant bien trop petits pour exister à ses yeux.
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