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0J'ai toujours, devant les yeux lunettes pas cher - 0 views

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started by thenorth321 thenorth321 on 20 Aug 13
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    J’ai toujours, devant les yeux, l'image de ma première nuit devol en Argentine, une nuit sombre où scintillaient seules, commedes étoiles, les rares lumières éparses dans la plaine. Chacune signalait, dans cet océan de ténèbres, le miracled'une conscience. Dans ce foyer, on lisait, on réfléchissait, onpoursuivait des confidences. Dans cet autre, peutêtre, oncherchait à sonder l’espace, on s'usait en calculs sur la nébuleused’Andromède. Là on aimait. De loin en loin luisaient ces feuxdans la campagne qui réclamaient leur nourriture. Jusqu'aux plusdiscrets, celui du poète, de l'instituteur, du charpentier. lunettes pas cher
    Maisparmi ces étoiles vivantes, combien de fenêtres fermées, combiend'étoiles éteintes, combien d'hommes endormis… Il faut bien tenter de se rejoindre. Il faut bien essayer decommuniquer avec quelquesuns de ces feux qui brûlent de loinen loin dans la campagne. C’était en . Je venais d’entrer comme jeune pilote deligne à la société Latécoère qui assura, avant l’Aéropostale, puisAir France, la liaison ToulouseDakar. Là j’apprenais le métier. Àmon tour, comme les camarades, je subissais le noviciat que lesjeunes y subissaient avant d’avoir l’honneur de piloter la poste.Essais d’avions, déplacements entre Toulouse et Perpignan,tristes leçons de météo dans le fond d’un hangar glacial. fausse carrera pas cher Nousvivions dans la crainte des montagnes d’Espagne, que nous neconnaissions pas encore, et dans le respect des anciens. Ces anciens, nous les retrouvions au restaurant, bourrus, unpeu distants, nous accordant de très haut leurs conseils. Et quandl'un d'eux, qui rentrait d'Alicante ou de Casablanca, nousrejoignait en retard, le cuir trempé de pluie, et que l'un de nous,timidement, l'interrogeait sur son voyage, ses réponses brèves, lesjours de tempête, nous construisaient un monde fabuleux, pleinde pièges, de trappes, de falaises brusquement surgies, et deremous qui eussent déraciné des cèdres. Des dragons noirsdéfendaient l'entrée des vallées, des gerbes d'éclairs couronnaientles crêtes. Ces anciens entretenaient avec science notre respect.Mais de temps à autre, respectable pour l'éternité, l'un d'eux nerentrait pas. Je me souviens ainsi d'un retour de Bury, qui se tua depuisdans les Corbières. carrera lunettes pas cher
    Ce vieux pilote venait de s’asseoir au milieu denous, et mangeait lourdement sans rien dire, les épaules encoreécrasées par l'effort. C'était au soir de l'un de ces mauvais joursoù, d'un bout à l'autre de la ligne, le ciel est pourri, où toutes lesmontagnes semblent au pilote rouler dans la crasse comme cescanons aux amarres rompues qui labouraient le pont des voiliersd'autrefois. Je regardai Bury, j'avalai ma salive et me hasardai àlui demander enfin si son vol avait été dur. Bury n'entendait pas,le front plissé, penché sur son assiette. À bord des avions découverts, par mauvais temps, on s'inclinait hors du parebrise,pour mieux voir, et les gifles de vent sifflaient longtemps dans lesoreilles. Enfin Bury releva la tête, parut m'entendre, se souvenir,et partit brusquement dans un rire clair. Et ce rire m'émerveilla,car Bury riait peu, ce rire bref qui illuminait sa fatigue.

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