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G Hald

Japon: les clochards du nucléaire - L'EXPRESS - 0 views

  • environ 80% des travailleurs du nucléaire au Japon sont en fait des sous-traitants, recrutés parmi les couches les plus paupérisées de la population japonaise. Ces travailleurs pauvres et non qualifiés effectuent pour quelques jours, parfois quelques semaines, les tâches les plus dangereuses au coeur des centrales nucléaires. Parce qu'ils se déplacent de centrale en centrale, on les appelle au Japon les "gitans du nucléaire" (
  • Un reportage d'El Mundo révélait en 2003 que la centrale de Fukushima Daiichi allait jusqu'à recruter des sans-abris dans les parcs de Tôkyô. Depuis la récession au début des années 1990, tous les parcs des grandes villes se sont transformés en véritable campement, avec de multiples abris de fortune faits de bâches bleues. C'est ici que les sociétés de sous-traitance souvent détenues par des yakuzas, envoient leurs recruteurs à la recherche de travailleurs journaliers. Dans le cas de la centrale de Fukushima Daiichi, on expliquait à ces travailleurs pauvres qu'il s'agissait d'un emploi de "nettoyeurs". Puis envoyés à 200 km de Tokyo, ils réalisaient au dernier moment qu'il s'agissait de travailler au coeur d'un réacteur nucléaire. 
  • La famille Shimahashi fut la première à gagner un procès pour maladie professionnelle: leur fils, Nobuki, après 8 huit ans de travail dans la centrale nucléaire d'Hamaoka était mort à 29 ans d'une leucémie. Ce cas pourrait être l'arbre qui cache la forêt: d'après un rapport du docteur Fujita, professeur de physique de l'université de Keiô, il y aurait entre 700 et 1000 "gitans du nucléaire" qui seraient déjà morts et des milliers atteint de cancers.
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    80% des travailleurs du nucléaire au Japon sont en fait des sous-traitants, recrutés parmi les couches les plus paupérisées de la population japonaise. Enquête sur les "gitans du nucléaire".
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    Voir les Kamikaze du nucléaires sur Basta ou encore les reportages de labas si j'y suis sur nos sous-traitants à nous. C'est pareil partout. Pour faire le sale boulot on envoit pas des cadres ou des patrons... Quoique à fukushima selon le Wall street journal c'est le directeur de la centrale qui aurait ouvert à mains nues une vanne bloquée; s'exposant à une centaine de mS ! L'honneur du japonais...
Jon Snow

POURQUOI CONVOQUER UN NOUVEAU BRETTON WOODS, par Pierre Sarton du Jonchay - 0 views

  • La fin du système financier fondé à Bretton Woods intervient symboliquement le 2 aout 2011. Les États-Unis ont reconnu qu’ils n’avaient pas et n’auront jamais les recettes fiscales suffisantes pour réaligner leur dette fédérale avec la croissance réelle des revenus des contribuables étatsuniens. Il faut donc reconnaître une cessation mondiale des paiements sur les dettes.
  • Le prix mondial des actifs financiers toxiques sans valeur est très supérieur au total des fonds propres comptabilisés par le système financier. L’effondrement politique et économique des années trente est en passe de se reproduire pour les mêmes causes : désintégration de la monnaie par l’absence de règles internationales de crédit.
    • Jon Snow
       
      Ca sera l'occasion rêvée de voir enfin cette bonne vieille "main invisible" à l'oeuvre. Y a des requins qui vont pleurnicher... again.
  • La convocation du second Bretton Woods a les mêmes raisons que la première : solder les dettes du passé pour poursuivre une marche en avant universellement avantageuse. Solder un crédit n’est pas effacer le passé mais réconcilier le prix du droit convenu entre le créancier et le débiteur avec la valeur réelle attendue du futur. La philosophie de Bretton Woods reste la même mais les situations concrètes éclairent les parties d’une compréhension nouvelle de la monnaie entre les nations.
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  • Comme Keynes l’a expliqué il y a plus de 70 ans, une règle de crédit n’est pas une formule mathématique de provisionnement d’un prix à terme par une prime.
    • Jon Snow
       
      Et pan! Va l'expliquer à ta banque, ça la dépasse totalement. C'est du non-sens, c'est du socialisme! ^^
  • Une règle de crédit est d’abord un engagement collectif d’emprunter ce qu’on peut raisonnablement rembourser ; ensuite un système de négociation publique de la limite du raisonnable ; enfin un dispositif collectif de correction des engagements non tenus.Le crédit provient selon Keynes d’une compensation : premièrement de l’équivalence efficiente des engagements négociés entre prêteurs et emprunteurs ; deuxièmement de l’équivalence effective des prix attendus par les prêteurs avec les prix anticipés par les emprunteurs ; troisièmement de l’équivalence efficace des garanties proposées par les investisseurs avec le risque assumé par les prêteurs.Les trois équivalences en droit, en prix à terme et en prime de crédit définissent une unité de compte que Keynes appelle bancor. Une unité de compte rationnelle issue de la discussion permanente du crédit instaurée par la compensation. L’étalon monétaire de Keynes n’est pas un prix fixe entre une unité de compte et un bien particulier. L’étalon keynésien est une loi internationale de négociation du crédit.La loi internationale du crédit définit les limites de négociation de n’importe quel prix dans n’importe quel système juridique de n’importe quelle économie nationale. Le principe fondateur du bancor est l’égalité internationale de tout emprunteur face à tout prêteur. L’équivalence des droits est arbitrée par la compensation sous responsabilité publique inter-étatique.
    • Jon Snow
       
      Tu m'étonnes que c'est pas passé en 45. Une logique qui sous-tend de l'égalité (!), des droits et devoirs entre acteurs économiques !
  • Le néo-libéralisme marchand a perdu la guerre financière dans la crise des subprimes comme Hitler a perdu la deuxième guerre mondiale à Stalingrad. Ou bien il s’acharne jusqu’à la destruction totale, ou bien il reconnaît sa défaite pour épargner au monde des souffrances inutiles. Les chantiers de la reconstruction sont immenses. Est-il nécessaire d’empêcher les hommes de se mettre au travail ?
    • Jon Snow
       
      On voit rarement des mecs bourrés renoncés à conduire meme à contresens de la circulation. Nos hommes politiques c'est pareil. Comme le mur est pas loin, ils ont qu'à continuer. On mettra le tout à la poubelle après. :)
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    Véri goude pépeur!
Jon Snow

ContreInfo :: Les surdoses et addictions aux médicaments psychotropes sont la... - 0 views

  • In Kentucky 978 people died from prescription drug overdose in 2009.   The average age drug addicts in Kentucky start using is 11.
  • Sarah Shay and Savannah Kissick were school friends in Morehead, both addicted to an array of perfectly legal drugs. Sarah died in 2006, at the age of 19. Savannah followed three years later, aged 22. Both victims of an epidemic of prescription pill abuse sweeping parts of America. When their mothers reel off the names together, they make them sound like weapons. "Xanax. Klonopin. Oxycodone. Hydrocodone." Earlier this year, the White House described the epidemic as the country’s fastest growing drug problem, accounting for more accidental overdoses than the combined total from heroin and crack cocaine in the 1970s and 80s.
  • The pill crisis, which some are calling pharmageddon, is only now receiving national attention.
    • Jon Snow
       
      mieux vaux tard que jamais : | "mon fils de 11 ans est accro au xanax docteur, qu'est ce que je dois faire?" "je vais lui prescrire du Fixocon pour le soulager un peu.." "Ah merci docteur!"
  • ...1 more annotation...
  • As part of an initiative announced in April, the White House demanded that the makers of one class of drugs, known as "extended release and long-acting opioids", make more concerted efforts to educate doctors and patients
    • Jon Snow
       
      S'il-vous-plait chers patrons dealers, dites à vos revendeurs de faire gaffe , si vous pouvez...
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    Ah la science et le commerce: Un couple formidable.
Jon Snow

Looting with the lights on | Naomi Klein | Comment is free | The Guardian - 0 views

  • There was Baghdad in the aftermath of the US invasion – a frenzy of arson and looting that emptied libraries and museums. The factories got hit too. In 2004 I visited one that used to make refrigerators. Its workers had stripped it of everything valuable, then torched it so thoroughly that the warehouse was a sculpture of buckled sheet metal.Back then the people on cable news thought looting was highly political. They said this is what happens when a regime has no legitimacy in the eyes of the people. After watching for so long as Saddam Hussein and his sons helped themselves to whatever and whomever they wanted, many regular Iraqis felt they had earned the right to take a few things for themselves. But London isn't Baghdad, and the British prime minister, David Cameron, is hardly Saddam, so surely there is nothing to learn there.
  • Back then the people on cable news thought looting was highly political. They said this is what happens when a regime has no legitimacy in the eyes of the people. After watching for so long as Saddam Hussein and his sons helped themselves to whatever and whomever they wanted, many regular Iraqis felt they had earned the right to take a few things for themselves. But London isn't Baghdad, and the British prime minister, David Cameron, is hardly Saddam, so surely there is nothing to learn there.
  • Argentina's mass looting was called el saqueo – the sacking. That was politically significant because it was the very same word used to describe what that country's elites had done by selling off the country's national assets in flagrantly corrupt privatisation deals, hiding their money offshore, then passing on the bill to the people with a brutal austerity package.
  • ...2 more annotations...
  • They are just about lawless kids taking advantage of a situation to take what isn't theirs. And British society, Cameron tells us, abhors that kind of behaviour.This is said in all seriousness. As if the massive bank bailouts never happened, followed by the defiant record bonuses. Followed by the emergency G8 and G20 meetings, when the leaders decided, collectively, not to do anything to punish the bankers for any of this, nor to do anything serious to prevent a similar crisis from happening again. Instead they would all go home to their respective countries and force sacrifices on the most vulnerable. They would do this by firing public sector workers, scapegoating teachers, closing libraries, upping tuition fees, rolling back union contracts, creating rush privatisations of public assets and decreasing pensions – mix the cocktail for where you live. And who is on television lecturing about the need to give up these "entitlements"? The bankers and hedge-fund managers, of course.
  • This is what Cameron got wrong: you can't cut police budgets at the same time as you cut everything else. Because when you rob people of what little they have, in order to protect the interests of those who have more than anyone deserves, you should expect resistance – whether organised protests or spontaneous looting. And that's not politics. It's physics.
    • Jon Snow
       
      Bien la preuve qu'ils manquent d'oxygène là où ils sont tous.
Jon Snow

Quand Freud et Einstein imaginaient l'ONU (Le Monde diplomatique) - 0 views

  • « Tout ce qui travaille au développement de la culture travaille aussi contre la guerre. »
  • La culture, remède ultime ? Une remarque qui en rappelle une autre, émise en 1889 par l’une des plus ardentes militantes pacifistes de l’histoire moderne, Bertha von Suttner : si « la guerre est la négation de la culture », cette dernière est aussi un moyen de mettre un terme à la guerre
  • « L’avenir appartient à la gentillesse. »
  • ...5 more annotations...
  • Bertha von Suttner, qui convainquit Alfred Nobel de créer son fameux Prix de la paix, fut la première femme, neuf ans après le décès de celui-ci, à se le voir décerner, en 1905
  • Au cours des siècles furent ainsi initiées diverses formes d’alliances, internationales ou régionales, tel le traité de Westphalie, adopté en 1648 lors du premier congrès diplomatique moderne, qui mit fin à la guerre de Trente Ans (laquelle avait impliqué plusieurs territoires de ce que l’on appelle aujourd’hui l’Europe), tout en entérinant en quelque sorte pour la première fois la naissance d’Etats territoriaux en tant qu’entités politiques à part entière.
  • Mais c’est véritablement le congrès de Vienne, motivé par le souhait des pays vainqueurs de Napoléon (3) de se protéger de toute autre tentative d’invasion par la France, et de rendre aux pays leurs frontières d’avant la Révolution française de 1789, qui marqua la première étape importante dans l’édification d’une organisation interétatique et du concept de coopération internationale.
  • Dès le lendemain de ce congrès entra en fonctions la première organisation internationale jamais créée, la Commission centrale pour la navigation du Rhin, établie officiellement en 1816 après avoir pris racine dès 1804 par un accord passé entre l’Allemagne et la France. Une institution aux objectifs très limités, certes, visant à réglementer de manière pacifique tout aspect de la circulation sur le fleuve et dans les environs, mais toujours en activité aujourd’hui, et basée à Strasbourg.
  • Quant aux efforts de paix directement consécutifs au congrès de Vienne, ils se remarquèrent surtout lors de la conférence internationale de la paix, rassemblant vingt-six nations, tenue à La Haye en 1899 à la convocation du tsar Nicolas II de Russie et de la reine Wilhelmine des Pays-Bas. La conférence, à laquelle assistèrent Bertha von Suttner et d’autres pacifistes, aboutit à la création de la Cour d’arbitrage international de La Haye, mécanisme visant à faciliter le règlement pacifique des différends internationaux, toujours en vigueur.
Jon Snow

« Le Moment unipolaire et l'ère Obama » : une conférence de Noam Chomsky - Ar... - 0 views

  • Quant on se penche sur les affaires internationales, il est important de garder à l’esprit plusieurs principes considérablement répandus et utilisés. Le premier est la maxime de Thucydide : les forts agissent tel qu’ils le veulent, et les faibles souffrent tel qu’ils le doivent.
  • Un second thème directeur fut exprimé par Adam Smith. Il parlait de l’Angleterre, la plus grande puissance de son époque, mais son observation peut se généraliser. Smith observait que les « architectes principaux » de la politique anglaise étaient les marchands et les fabricants, lesquels s’assuraient que leurs intérêts personnels soient bien servis par la politique, quelles qu’en soient les conséquences néfastes sur les autres (y compris sur le peuple anglais).
  • Dans un cours d’économie, on apprend que les marchés sont basés sur des consommateurs éclairés qui prennent leurs décisions de manière rationnelle. Mais quiconque regarde une publicité télé sait que les entreprises consacrent de grosses ressources à créer des consommateurs standardisés prenant des décisions irrationnelles. Les méthodes utilisées pour ébranler les marchés sont adaptées afin de saper la démocratie, créant un électorat profane qui prendra des décisions irrationnelles sur un faible éventail d’alternatives compatibles avec les intérêts des deux partis, lesquels devraient être considérés comme des factions concurrentes du parti unique des affaires. Dans le monde des affaires et celui de la politique, les architectes politiques ont régulièrement été hostiles aux marchés et à la démocratie, sauf en cas d’avantages temporaires. La rhétorique est différente bien sûr, mais les faits sont là.
  • ...36 more annotations...
  • Alors que les politiques bipartisanes [2] envers Cuba s’accordent avec la maxime de Thucydide, elles rentrent en conflit avec le principe de Smith et nous donnent donc un aperçu particulier sur la formation des politiques. Depuis des dizaines d’années, le peuple américain est en faveur de la normalisation des relations avec Cuba. Si ignorer la volonté de la population n’a rien d’inhabituel, ce qui est plus intéressant dans ce cas c’est que de puissants secteurs du monde des affaires sont en faveur de la normalisation : l’agroalimentaire, les industriels de l’énergie, les sociétés pharmaceutiques et bien d’autres qui forment d’habitude le cadre politique. Leurs intérêts dans ce cas sont supplantés par un principe des affaires internationales délaissé par la littérature universitaire spécialisée. C’est ce qu’on pourrait appeler le principe de la Mafia. Le parrain ne tolère pas les exemples de « défi réussi », même de la part d’un petit épicier qui ne peut payer pour sa protection. C’est trop dangereux. Par conséquent, il faut le réprimer, et ce de manière brutale, afin que les autres comprennent que la désobéissance, le « défi réussi », n’est pas une option valable. Un défi réussi envers le maître peut être un « virus  » qui « répand la contagion », pour emprunter un terme d’Henry Kissinger lorsqu’il préparait le renversement du gouvernement Allende
  • Par exemple, lorsque Washington se préparait à renverser le gouvernement Allende, le Conseil National de Sécurité nota que, si les États-Unis ne pouvaient pas contrôler l’Amérique Latine, ils ne pouvaient prétendre « obtenir un ordre satisfaisant ailleurs dans le monde  », c’est-à-dire imposer leur domination efficacement au reste du monde. La « crédibilité  » de Washington en aurait été entamée, comme l’a avoué Henry Kissinger. D’autres pourraient se tourner vers la désobéissance, s’inspirer des « défis réussis  », si le virus chilien n’était pas détruit avant qu’il ne puisse « répandre la contagion ». Par conséquent la démocratie parlementaire au Chili devait disparaître, comme ça s’est passé à l’occasion du premier 11 Septembre, en 1973. Cet événement a disparu de l’histoire occidentale, bien qu’en termes de conséquences pour le Chili et ailleurs, cela surpasse de loin les terribles crimes du 11 septembre 2001.
  • Avec cet arrière-plan en tête, tournons-nous vers le « moment unipolaire  », sujet d’un grand nombre de discussions universitaires et populaires depuis l’effondrement de l’Union Soviétique il y a 20 ans, qui fit passer les États-Unis de principale superpuissance mondiale à seule superpuissance mondiale. Nous apprenons beaucoup sur la nature de la Guerre Froide et des évènements survenus depuis lors en regardant la façon dont Washington a réagi à la disparition de son ennemi mondial, de cette « impitoyable et monolithique conspiration » visant à s’emparer du monde pour reprendre la description de John F. Kennedy.
  • il leur fallait trouver un nouveau prétexte. Il fut vite donné : la menace des narcotrafiquants hispaniques focalisés sur la destruction des EU. La « guerre contre la drogue » fut certes lancée par Nixon, mais elle prit un rôle nouveau et plus important au cours du moment unipolaire.
  • Le besoin d’un nouveau prétexte guida aussi la réaction officielle à l’effondrement de la superpuissance ennemie. En quelques mois, l’administration de Bush père exposa le nouveau cap de Washington : en bref, tout restera comme avant, mais sous de nouveaux prétextes. Nous avons toujours besoin d’un gros système militaire, mais pour une nouvelle raison : la « sophistication technologique » des puissances du Tiers-monde. Nous devons maintenir la « base industrielle de défense  », un euphémisme pour désigner l’industrie de haute technologie soutenue par l’État. Nous devons maintenir les forces d’intervention pour les régions du Moyen-Orient riches en énergie, où les menaces importantes contre nos intérêts ne peuvent plus être rejetées sur le Kremlin, contrairement aux décennies de mensonges précédentes. Tout ceci passa discrètement et fut à peine signalé. Mais pour ceux qui cherchent à comprendre le monde, c’est très instructif.
  • Les élites intellectuelles se mirent rapidement au travail et remplirent leur mission. Elles annoncèrent une «  révolution normative » qui accordait aux États-Unis le droit d’ « intervention humanitaire », ceci pour les plus nobles des raisons bien entendu. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les victimes traditionnelles n’étaient guère convaincues. Au Sud, des conférences de haut-niveau condamnèrent amèrement « le soi-disant ’droit’ d’intervention humanitaire ».
  • Un affinage était donc nécessaire, et le concept de la « responsabilité de protection » fut échafaudé à sa place. Ceux qui prêtent attention à l’histoire ne seront pas surpris de découvrir que les puissances occidentales exercent leur «  responsabilité de protection  » de manière extrêmement sélective, en parfaite correspondance avec les trois maximes.
  • Les faits concordent de manière troublante et requièrent une agilité considérable de la part des classes intellectuelles
  • Alors que l’Union Soviétique s’écroulait, Mikhaïl Gorbatchev fit une concession sidérante : il accepta que l’Allemagne réunifiée rejoigne l’alliance militaire hostile dirigée par la superpuissance mondiale, malgré le fait que les Allemands aient à eux-seuls quasi anéanti la Russie deux fois au cours du siècle. Il y avait cependant un quid pro quo [3].
  • L’administration Bush promit à Gorbatchev que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Allemagne de l’Est, et encore moins plus loin à l’Est. Elle garantit aussi à Gorbatchev que « l’OTAN se transformera elle-même en une organisation plus politique  ». Gorbatchev proposa aussi la création d’une zone dénucléarisée de l’Arctique à la Mer Noire, afin d’établir une « zone de paix  » pour lever toute menace sur l’Europe, de l’Est ou de l’Ouest. Cette proposition fut rejetée sans examen.
  • Clinton a pris ses fonctions peu de temps après. Les engagements de Washington ont rapidement disparu. Il est inutile de faire des commentaires sur la promesse que l’OTAN deviendrait une organisation plus politique. Clinton a élargi l’OTAN à l’Est, et Bush a surenchéri. Obama a apparemment l’intention de poursuivre cette expansion.
  • Juste avant le premier voyage d’Obama en Russie, son assistant spécial pour la Sécurité Nationale et les affaires eurasiennes informa la presse que « nous n’allons pas rassurer ou donner ou échanger quoi que ce soit aux Russes en ce qui concerne l’expansion de l’OTAN ou le système de défense anti-missiles  ». Il faisait référence au programme américain de défense anti-missiles en Europe de l’Est et à l’adhésion de deux voisins de la Russie, la Géorgie et l’Ukraine, à l’OTAN.
  • Ces deux décisions sont considérées par les analystes occidentaux comme de sérieuses menaces pour la sécurité russe, propres à enflammer les tensions internationales.
  • L’objectif des systèmes d’interception états-uniens, s’ils fonctionnent un jour, est d’empêcher toutes représailles en cas d’attaques américaine ou israélienne sur l’Iran, c’est-à-dire éliminer toute dissuasion iranienne. Les systèmes anti-missiles sont une arme de première frappe [4], et chaque côté l’a compris. Mais cela semble être un de ces faits qu’il vaut mieux laisser dans l’ombre.
  • Lors d’une conférence de l’OTAN, le secrétaire général, Jaap de Hoop Scheffer, indiquait que « les troupes de l’OTAN doivent surveiller les oléoducs de gaz et de pétrole à destination de l’Occident » et, plus globalement, protéger les routes maritimes empruntées par les tankers et les autres « infrastructures cruciales » du système énergétique. Cette décision explique plus clairement les politiques post-guerre froide visant à réformer l’OTAN en une force d’intervention mondiale dirigée par les États-Unis, particulièrement préoccupée par le contrôle de l’énergie.
  • Dès la fin de la seconde guerre mondiale, il était clair que l’Europe occidentale pouvait choisir de mener une politique indépendante, peut-être en conformité avec la vision gaulliste d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural. Dans ce cas le problème n’était plus qu’un « virus  » puisse « répandre la contagion », mais qu’une pandémie abatte le système tout entier de contrôle global. L’OTAN était considéré comme un remède à cette menace.
  • Dans cette « grande aire », les États-Unis détiendraient le « pouvoir incontesté » grâce à leur « supériorité militaire et économique » et agiraient de manière à s’assurer la « restriction de tout exercice de souveraineté » des États interférant avec leurs plans. Au début, les planificateurs pensèrent que l’Allemagne serait prédominante en Europe, mais lorsque la Russie commença à broyer la Wehrmacht, la vision devint plus large et la Grande Aire se dut d’ incorporer le plus de territoires possibles en Eurasie, avec au minimum l’Europe occidentale, cœur économique eurasien.
  • Des plans précis et rationnels d’organisation globale ont été développés, une “fonction” étant assignée à chaque région. Le Sud en général devait avoir un rôle de service : fournir des ressources, une main d’œuvre bon marché, des opportunités d’investissement et de marchés, ainsi que d’autres services comme l’importation des déchets et de la pollution. A cette époque les États-Unis n’étaient pas tellement intéressés par l’Afrique, elle fut donc confiée à l’Europe afin qu’elle l’ « exploite  » pour sa reconstruction après-guerre. On aurait pu imaginer des relations différentes entre l’Europe et l’Afrique vu leur passé historique, mais cela n’a pas été envisagé. Par contraste, les réserves de pétroles du Moyen-Orient étaient considérées comme étant « une prodigieuse source de pouvoir stratégique » et l’ « un des plus formidables trésors matériels de l’histoire mondiale  », la plus « importante aire stratégique dans le monde  », selon les mots d’Eisenhower. Les planificateurs influents admettaient que le contrôle du pétrole moyen-oriental fournirait aux États-Unis un « contrôle important sur le monde  ».
  • En ce qui concerne l’Amérique Latine, les planificateurs post-Seconde Guerre mondiale concluaient que la menace principale sur les intérêts des États-Unis était le fait de « régimes nationalistes radicaux [qui] séduisent les masses » et cherchent à satisfaire la « demande populaire d’amélioration immédiate des conditions de vie médiocres des masses  » ainsi que le développement selon les besoins domestiques. Ces tendances rentrent en conflit avec l’exigence d’ « un climat politique et économique favorable à l’investissement privé », avec un rapatriement satisfaisant des profits et avec la « protection de nos matières premières ». Une part conséquente de l’histoire ultérieure provient de ces conceptions non-contestées.
  • Si on prend le cas particulier de Mexico, un atelier du Pentagone sur la stratégie de développement pour l’Amérique Latine constatait en 1990 que les relations mexico-américaines étaient « extraordinairement positives », indifférent aux élections volées, à la violence étatique, à la torture, au traitement scandaleux des travailleurs et paysans et à d’autres menus détails. Les participants à l’atelier avaient cependant un souci en perspective : la menace d’une « ouverture démocratique  » au Mexique,
  • Le moment choisi pour l’opération Gatekeeper n’était certainement pas accidentel. Les analystes sensés avaient anticipé qu’ouvrir le Mexique à un flot d’exportations agroalimentaires fortement subventionnées ébranlerait tôt ou tard l’agriculture mexicaine, et que les entreprises mexicaines ne seraient pas capable de soutenir la compétition avec d’énormes sociétés aidées par l’État, lesquelles devaient être autorisées à opérer librement au Mexique selon le traité. Une conséquence probable était une hausse de l’émigration vers les États-Unis, à additionner à celle fuyant des pays d’Amérique Centrale, ravagés par la terreur reagannienne. La militarisation de la frontière fut une solution naturelle.
  • L’attitude populaire envers ceux qui fuient leurs pays (appelés “étrangers illégaux”) est complexe. Ils exécutent des services de grande valeur en tant que main d’œuvre très peu coûteuse et facilement exploitable. Aux États-Unis, l’agroalimentaire, le bâtiment et d’autres industries reposent massivement sur eux, et ils contribuent à la richesse des communautés où ils résident. D’un autre côté, ils réveillent le traditionnel sentiment anti-immigration.
  • Quelles que soient les réalités historiques et économiques, les immigrants ont été perçus par les pauvres et les travailleurs comme une menace pour leurs boulots, quartiers et modes de vie. Il est important de garder à l’esprit que les gens qui protestent aujourd’hui ont de réels doléances. Ils sont victimes de la financiarisation de l’économie et des programmes néolibéraux de mondialisation conçus pour transférer la production à l’étranger et les mettre en compétition avec les travailleurs du monde entier, et donc baisser leurs salaires et avantages. Pendant ce temps, les professionnels diplômés sont protégés des forces du marché et les propriétaires et dirigeants s’enrichissent. À nouveau la maxime de Smith.
  • Les répercussions sont sévères depuis les années Reagan et se manifestent de façon extrêmement déplaisante, comme on peut le voir actuellement en unes des journaux. Les deux partis politiques se battent pour savoir lequel des deux pourra proclamer avec le plus de ferveur son attachement à la doctrine sadique selon laquelle les soins médicaux doivent être refusés aux « étrangers illégaux ». Leur position est cohérente avec le principe juridique, établi par la Cour Suprême, selon lequel ces créatures ne sont pas des « personnes  » selon la loi, et qu’ils ne disposent donc pas des droits accordés aux personnes.
  • Au même moment, la Cour examine si les grandes sociétés ne devraient pas avoir la permission d’acheter les élections librement au lieu de le faire de manière détournée C’est un problème constitutionnel majeur, puisque les tribunaux ont établis que, contrairement aux sans-papiers, les entreprises sont des personnes réelles selon la loi, et ont en fait des droits bien supérieurs à celles faites de chair et de sang, tels ceux accordés par le mal nommé « accord de libre-échange ». Ces coïncidences parlantes ne suscitent aucun commentaire. La loi est bel et bien une solennelle et majestueuse affaire.
  • Une différence fondamentale entre Bush et Obama fut très bien formulée par l’un des hauts conseillers de l’administration Kennedy, à l’époque de la crise des missiles à Cuba. Les planificateurs de Kennedy prenaient des décisions qui menaçaient littéralement l’Angleterre d’extinction, mais n’en informaient pas les Britanniques. A ce moment là, le conseiller définissait ainsi la « relation spéciale » avec la Grande Bretagne : elle est , disait-il, « notre lieutenant – le terme en vogue étant ’partenaire’  ». Naturellement, l’Angleterre préfère le terme en vogue.
  • Bush et ses sbires traitent le monde comme « nos lieutenants ». Ainsi, en annonçant l’invasion de l’Irak, ils informèrent l’ONU qu’elle pouvait suivre les ordres américains ou « ne plus avoir de raison d’être ». Une telle arrogance a bien évidemment suscité de l’hostilité. Obama a choisi une autre méthode : il reçoit les dirigeants et les peuples du monde poliment, en tant que « partenaires  », et c’est seulement en privé qu’il continue à les traiter comme des « lieutenants  ». Les dirigeants étrangers préfèrent cette approche et le public est aussi parfois hypnotisé par cette attitude. Mais il est sage de s’en tenir aux faits et non au comportement rhétorique et plaisant. Les faits racontent une histoire différente d’habitude, et ce cas là ne fait pas exception.
  • Le système mondiale actuel reste unipolaire dans un domaine, celui de la force. Les États-Unis dépensent quasiment autant pour la force militaire que le reste du monde réuni, et sont bien plus avancés en ce qui concerne la technologie de destruction. C’est aussi le seul pays à avoir des centaines de bases militaires tout autour du monde et à occuper deux pays dans les régions cruciales pour la production d’énergie. Il y établit des méga-ambassades gigantesques, de l’ordre d’une ville à l’intérieur de la ville, ce qui est une claire indication de ses intentions futures. A Bagdad, les coûts prévisionnels de la méga-ambassade sont de 1.5 milliard de dollars cette année et de 1.8 dans les prochaines années. Le coût de leurs équivalents au Pakistan et en Afghanistan est inconnu, tout comme le futur des énormes bases militaires établies en Irak.
  • Dissoute en 1950, la quatrième Flotte US a été réactivée en 2008, peu de temps après l’invasion colombienne de l’Équateur. Son champ d’action couvre les Caraïbes, l’Amérique Centrale et du Sud ainsi que les eaux environnantes. La marine définit ses « diverses opérations » comme la lutte contre les trafics illégaux, la coopération régionale en matière de sécurité, l’interaction entre les forces armées et les formations militaires bilatérales ou multinationales. La réactivation de la flotte a naturellement provoqué un tollé et l’inquiétude des gouvernements brésilien, vénézuélien et autres.
  • Ces plans font partie d’une politique plus générale de militarisation de l’Amérique latine. L’entraînement des officiers latino-américains a fortement augmenté dans la dernière décennie, bien au dessus des niveaux de la Guerre Froide. La police se forme aux tactiques d’infanterie légère. Leur mission est de combattre les « gangs de jeunes  » et le «  populisme radical  », ce dernier terme n’étant que trop bien compris en Amérique latine.
  • Le prétexte est celui de la « guerre contre la drogue ». Mais, même si nous acceptons la singulière affirmation selon laquelle les EU ont le droit de mener cette « guerre  » dans des pays étrangers, il est difficile de le prendre au sérieux. Les raisons sont connues, elles ont été redites en février par la commission sur les drogues et la démocratie, dirigée par les anciens présidents sud américains Cardoso, Zedillo et Gaviria. Leur rapport conclut que la guerre contre la drogue a été un échec complet et appelle à changer radicalement de politique, en se détournant des mesures brutales vers d’autres plus efficaces et beaucoup moins coûteuses.
  • Quelque-uns accusaient même Washington de crimes, et non pas simplement d’erreurs commises par excès de naïveté et bienveillance comme le déclaraient les commentateurs libéraux, obéissant en cela à la logique bien établie de Thucydide. Un problème apparenté était l’activisme, particulièrement parmi les jeunes, qui provoquait un « excès de démocratie » selon les avertissements d’intellectuels libéraux. Ils demandaient la restauration de l’obéissance et de la passivité ainsi que l’application par Nixon de mesures beaucoup plus brutales.
  • Les fondations étaient posées pour une campagne nationale « Loi et Ordre » visant à discipliner ceux qui s’égaraient au-delà des limites de subordination à la doctrine et au pouvoir. Le succès fut conséquent. Sans susciter aucune critique ou commentaire, le président Carter pouvait expliquer que nous n’avions aucune dette envers les vietnamiens, car la « destruction était mutuelle ». Pour Reagan la guerre était une « noble cause » et le président Bush Sr. put continuer à informer les vietnamiens, sans aucune objection publique, que nous ne pourrions jamais pardonner leurs crimes envers nous, mais que par compassion nous serions d’accord pour les laisser rejoindre le monde que nous dirigions. Pour cela, il fallait qu’ils démontrent leur bonne volonté en s’occupant du seul problème moral subsistant : cette « noble cause  » qui consistait à se dévouer afin de retrouver les ossements des pilotes américains abattus alors qu’ils bombardaient le Vietnam.
  • Bien que le monde soit unipolaire sur le plan militaire, cela n’est plus le cas depuis quelque temps sur le plan économique. Au début des années 1970 le monde devenait économiquement « tripolaire  », avec des centres comparables en Amérique du Nord, Europe et dans le nord-est de l’Asie. De nos jours l’économie mondiale est devenue encore plus diverse, particulièrement avec la rapide croissance d’économies asiatiques défiant les règles néolibérales du « consensus de Washington ». L’Amérique latine aussi se défait de ce joug. Les efforts états-uniens pour la militariser sont une réponse à ces développements (particulièrement en Amérique du Sud), qui, pour la première fois depuis les conquêtes européennes, commencent à s’adresser aux problèmes fondamentaux qui ont empoisonné et continuent d’empoisonner le continent.
  • Les questions d’intégration interne sont encore plus significatives. Il y a enfin des efforts sérieux pour s’adresser à la pathologie latino-américaine de gouvernance par d’étroits secteurs nageant dans l’opulence au beau milieu d’un océan de misère, les riches étant exempts de responsabilité si ce n’est de celle de s’enrichir, contrairement à l’Asie de l’est. Une de ces mesures concerne la fuite des capitaux. En Amérique Latine elle atteint presque le montant de l’étouffante dette. Dans les pays d’Asie de l’est elle a été fermement contrôlée. En Corée du Sud par exemple, pendant la période de forte croissance, l’exportation de capital était passible de peine de mort.
  • Ces développements en Amérique latine, parfois menés par d’impressionnants mouvements populaires de masse, sont d’une grande importance. Ils suscitent bien évidemment des réactions amères de la part des élites traditionnelles, supportées par la superpuissance voisine. Les obstacles sont immenses mais s’ils sont surmontés, cela pourrait changer de façon significative le destin de l’Amérique latine et entraîner de véritables conséquences ailleurs.
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    Superbe conférence de Noam Chomsky sur l'histoire de la politique etrangère guerrière US.
Jon Snow

La gauche dans son labyrinthe, par Anne-Cécile Robert (Le Monde diplomatique) - 0 views

  • Comme de nombreux représentants de la gauche de gouvernement, M. François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste français, considère ainsi que l’impératif de construire « l’Europe » implique de passer outre (temporairement ?) les revendications sociales de son électorat traditionnel. C’est pourquoi, dans le droit-fil des positions adoptées par son parti depuis vingt ans, il appelle ses militants à prononcer un « oui socialiste » au traité constitutionnel européen. Cependant, ce traité provoque – davantage que le traité de Maastricht en 1992 – une division manifeste tant à la base qu’au sommet du parti refondé par François Mitterrand : 42 % des militants s’y sont opposés lors du référendum du 1er décembre 2004 ainsi que certaines figures du parti tels l’ancien premier ministre Laurent Fabius ou la très fédéraliste Pervenche Béres.
  • Cette fragilité apparaît comme le produit d’une double évolution : d’une part, sa conversion progressive au libéralisme économique au cours des années 1980 et, d’autre part, une profonde perte de repères politiques qui fait de l’Europe – indépendamment de son contenu – l’idéal de substitution d’une gauche en mal de projet. Ce « grand bond en arrière (3) » – dont l’Union européenne constitue la synthèse ultime – a des causes multiples, notamment l’origine sociologique des représentants officiels du camp dit « progressiste » et la colonisation des lieux de pensée et d’influence par les libéraux (4).
  • L’Europe constitue pour elle un idéal prioritaire qui justifie des concessions, même si ces dernières frisent le tête-à-queue idéologique. Car il y a du renoncement dans cette attitude.
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  • Toute alternative au capitalisme ou au libéralisme semble condamnée par l’histoire. Dans ce champ de cadavres, l’Europe apparaît comme un idéal de rechange. Les partisans de gauche du « oui » (à Maastricht ou au traité constitutionnel) invoquent d’ailleurs davantage ce que l’Europe pourrait être que ce qu’elle est.
  • Pourtant, la construction européenne est une réalité sociale, économique, qui a des effets sociaux, économiques, politiques réellement ressentis (5), et une culture politique s’est progressivement décomposée, facilitant son acceptation telle quelle. On confond l’intégration continentale avec l’internationalisme ouvrier d’antan (6), alors même que l’Union européenne ressemble davantage à une société anonyme qu’à une expression de la solidarité transfrontière des dominés (7). On invoque Victor Hugo et son appel à créer des « Etats-Unis d’Europe » sans préciser que, pour le poète, il s’agissait d’une Europe « républicaine dont le siège serait en France »...
  • La confusion est d’autant plus grande que les représentants officiels de la gauche s’acharnent à éviter tout débat sur le contenu du projet européen. De la même manière que les choix économiques gouvernementaux ont progressivement été exclus de la confrontation idéologique, l’Europe est « dépolitisée ». Elle ne serait ni de droite ni de gauche. Toute critique devient donc une discussion sur l’Europe elle-même. Cette attitude dénie tout espace à l’argumentation et au raisonnement politiques. Elle empêche d’envisager une autre conception de l’intégration continentale. « Je ne respecte pas les défenseurs du “non” au traité constitutionnel qui se prétendent pro-européens », ne craint pas de dire M. Michel Rocard, ancien premier ministre socialiste (8).
  • la définition d’une Europe progressiste a toujours suscité la division. De prime abord, la pertinence même de l’échelon européen ne sautait pas aux yeux d’une gauche avant tout internationaliste. Malgré les conflits meurtriers qui ravageaient régulièrement le Vieux Continent, l’Europe n’émergea dans son imaginaire que lentement et par les élites.
  • Dès l’origine, les projets sont largement économiques et suscitent la méfiance à gauche. Entre les deux guerres mondiales, du Français Louis Loucheur – industriel devenu ministre de l’industrie de Georges Clemenceau – à Emile Mayrisch – patron de la sidérurgie luxembourgeoise –, on propose des cartels et des ententes dans l’acier ou le charbon (12). Dans un discours à la Société des nations (SDN), le 5 septembre 1929, le ministre français des affaires étrangères, Aristide Briand, proposa, sous le nom d’Union européenne, une association qui « agira surtout dans le domaine économique ». Il s’agissait notamment d’un désarmement douanier accompagné d’une « sorte de lien fédéral (13) ». Soutenu par les radicaux, il rencontre le scepticisme de Léon Blum – européen convaincu – et de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), hostiles aux abandons de souveraineté et inquiets du court-circuitage éventuel de la SDN.
  • Après 1945, l’idée d’Europe est à nouveau associée à la préservation de la paix et de nombreuses personnalités de gauche, marquées par la guerre et la résistance, participent au Congrès fédéraliste de La Haye en mai 1948 (14). Cependant, cette idée continue d’être diversement appréciée, d’autant plus qu’elle renaît dans le cadre de la guerre froide et sous le parapluie américain.
  • Dans le contexte idéologique ouvert dans les années 1980, la construction européenne est de plus en plus associée au libéralisme économique. L’incapacité à définir une Europe progressiste est masquée par une sorte de dogmatisme étayé par de bons sentiments. Comme on ne fait plus de politique, on donne des leçons de morale. A l’instar du premier ministre britannique Anthony Blair, qui a troqué la justice sociale contre des prêches dénonçant la pauvreté, une certaine gauche ralliée à l’« Europe » manifeste davantage de bons sentiments que de bonnes idées.
  • Ce moralisme habille le fatalisme revendiqué d’une gauche qui a perdu sa culture des rapports de forces et la mémoire de ses luttes. L’obligation de négocier entre vingt-cinq pays impliquerait notamment des concessions qui (malheureusement) vont toujours dans le même sens. L’ancien ministre socialiste des affaires européennes Pierre Moscovici qualifie ainsi le traité constitutionnel de « compromis indispensable et imparfait (16) ». Mais les négociations sont faussées, et on voit bien que ceux pour qui le « compromis » est « indispensable » ne sont pas ceux qui seront victimes de son imperfection. Car les représentants de la gauche ont oublié que, pour obtenir ce qu’ils ont, les peuples ont dû se battre et parfois payer le prix du sang. Aujourd’hui, les porte-parole du camp « progressiste » partent battus d’avance. Les négociations n’ont même pas été entamées qu’ils ont déjà renoncé à tout. L’idée de prononcer un « non », même « à l’anglaise », ne les effleure pas. Celle de mettre en place un rapport de forces entre gouvernements, avec les citoyens ou les syndicats, leur semble inimaginable.
  • En outre, le fonctionnement des instances internationales – et l’Union européenne n’échappe pas au phénomène – se révèle quelque peu anesthésiant. Isolé du reste du monde, affairé dans des bureaux où on parle plusieurs langues, on peut sincèrement éprouver le sentiment de participer à une grande aventure fraternelle. On peut se sentir grisé dans ce petit monde qui se conforte, se coopte et se congratule, loin des destinataires des décisions que l’on adopte. Naïveté pour le politologue socialiste Jacques Généreux (19), trahison pour le chercheur Raoul Marc Jennar (20), cette attitude, qui concerne aussi les députés européens et les fonctionnaires de la Commission, accroît le décalage avec les préoccupations populaires (délocalisations, chômage, etc.).
  • Le tropisme « européen » de la gauche peut aussi traduire une vision technocratique du pouvoir (21). Estimer, comme un député européen Vert, que la possibilité accordée aux citoyens de rédiger des pétitions sans aucune conséquence juridique (article I-47 du projet de traité constitutionnel) constitue « une avancée considérable de la démocratie » montre la dégradation de l’idéal démocratique d’une partie du camp progressiste 
  • Entre faillite idéologique, connivence sociale et inculture historique, l’Europe est devenue le triangle des Bermudes de la gauche. Corps et âmes, ses forces et ses représentants y disparaissent les uns après les autres. Sans doute l’animosité qui monte chez les partisans du « oui » révèle-t-elle la crainte, diffuse, qu’une éventuelle victoire du « non » ne déchire les brumes bermudiennes et ouvre une redistribution des cartes politiques.
Jon Snow

Des Israéliens se joignent au mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sa... - 0 views

  • C’est l’Egypte qui m’a fait basculer. J’étais enthousiasmé par les images de ces gens dans la rue qui exigeaient le changement. Et tandis que les documents « Palestinian Papers » prouvent que le gouvernement paraît déterminé à maintenir le statu quo, je connais de nombreux Israéliens qui en ont assez. Il y a les mères qui ne veulent pas envoyer leurs enfants à l’armée et des soldats mécontents de devoir protéger les colons. J’ai discuté récemment avec un homme de 44 ans – un type normal, père de deux enfants – qui me disait qu’il avait envie de casser quelque chose tellement il était en colère contre le gouvernement et inquiet pour l’avenir. Et l’Egypte fait l’objet de nombreuses conversations en ce moment en Israël. Que peut-on faire pour prolonger ses effets jusqu’en Israël ? Que peut-on faire pour encourager les Israéliens à se battre pour le changement, pour la paix, pour leur propre libération d’un conflit qui mine leur propre auto-détermination et leur propre liberté ? Le mouvement BDS a remporté nombre de victoires, et c’est l’une des raisons pour lesquelles le Knesset (Assemblée Nationale israélienne - NdT) veut faire passer une loi, connue sous le nom de Loi sur le Boycott, qui interdirait aux Israéliens de se joindre au mouvement et qui prévoit d’énormes amendes. Certains de ceux engagés dans la campagne BDS sont d’ores et déjà soumis à une intense pression de la part du gouvernement.
  • Certains s’opposent au BDS parce qu’il inclut la reconnaissance du droit au retour des Palestiniens. Ces critiques disent que le nouveau rapport démographique porterait atteinte à l’autodétermination des Juifs. Mais Barkan rétorque que « la base fondamentale (du mouvement) sont les droits de l’homme universels et le droit international  ». Il souligne que le mouvement BDS respecte les droits de l’homme à la fois des Palestiniens et des Juifs et qu’on y trouve à la fois des défenseurs d’un état bi-national et démocratique que des défenseurs d’une solution à deux états comme étant la meilleure solution au conflit. Il insiste aussi pour dire que BDS n’est ni antisémite, ni même anti-Israélien.
  • « Exactement, » répond Barkan, en ajoutant que l’appel palestinien en faveur du BDS est « un appel très raisonnable » qui « fait la différence entre les institutions et les individus et c’est clairement un boycott d’institutions criminelles et de leurs représentants. 
Jon Snow

Blog de Paul Jorion » L'ACTUALITÉ FINANCIÈRE : USA, GRÈCE, ETC. - 0 views

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    Les choses s'accélèrent et pas dans le bon sens.
Jon Snow

Ces puissantes officines qui notent les Etats, par Ibrahim Warde (Le Monde diplomatique) - 0 views

  • « Le monde de l’après-guerre froide compte deux superpuissances, les Etats-Unis et l’agence Moody’s. » Thomas Friedman, éditorialiste de politique étrangère du New York Times, explicite ainsi sa formule : si les Etats-Unis peuvent anéantir un ennemi en faisant usage de leur arsenal militaire, l’agence de notation financière Moody’s possède les moyens d’étrangler financièrement un pays en lui décernant une « mauvaise note ».
  • Une bonne note permet d’emprunter au moindre coût. Plus la note baisse, plus le taux d’intérêt augmente, car les investisseurs exigeront une prime de risque. Les obligations mal notées (ou pas notées du tout) sont considérées comme des obligations « pourries » (junk bonds), même si leurs vendeurs préfèrent l’appellation d’« obligations à haut rendement » (high yield bonds).
    • Jon Snow
       
      Tous les acheteurs sont au courant, mais c'est à qui se retirera le premier du merdier en regardant les autres sombrer...
  • Deuxième critique : les agences de notation commettent de graves erreurs. En 1975, à la veille de sa mise en cessation de paiements, la ville de New York était encore bien notée. Plus récemment, à la suite de la faillite du comté d’Orange, Standard and Poor’s a été prise en défaut de vigilance et fait l’objet de nombreuses poursuites judiciaires. Là encore, l’agence assurait les investisseurs que le comté d’Orange était en bonne santé et bien géré, alors même que 2 milliards de dollars partaient en fumée, à la suite de spéculations sur les produits dérivés (4). En octobre 1994, le bulletin de la Réserve fédérale américaine cautionna les investisseurs.
  • ...5 more annotations...
  • Moody’s est l’objet d’une enquête du ministère de la justice, pour concurrence déloyale, et d’un procès intenté par le district scolaire de Jefferson County dans l’Etat du Colorado. En 1993, cette collectivité, refusant de solliciter Moody’s, demanda à la petite agence Fitch Investors Services de noter son émission d’obligations. En réplique à l’affront, Moody’s décerna une note « non sollicitée » (ou « note sauvage »), et bien entendu mauvaise, ce qui rendit l’émission impossible. Pour l’agence de notation, il ne s’agissait pas là d’un chantage, mais d’un service rendu au public et couvert par le premier amendement de la Constitution, qui garantit le droit à la libre expression (2).
  • L’autre note dont l’annonce déclencha un long suspense fut celle de l’Egypte. En septembre 1996, après que l’agence Moody’s eut annoncé qu’elle s’apprêtait à émettre une note non sollicitée, le gouvernement décida de demander à être noté (tout en affirmant qu’il n’avait pas l’intention d’émettre des obligations). S’entourant des banques d’investissement Goldman Sachs et EFG Hermes, les dirigeants égyptiens se livrèrent à un bachotage forcené et s’empressèrent d’accéder aux exigences du Fonds monétaire international en matière d’ajustement structurel.
    • Jon Snow
       
      Pan! Rien que ça!
  • Mieux vaut coopérer, c’est-à-dire fournir tous les documents demandés et recevoir la visite d’« examinateurs », que se voir décerner une note non sollicitée. Le système renforce les inégalités et regorge d’effets pervers. Le plus spectaculaire étant celui que les Anglo-Saxons appellent « self-fulfilling prophecy » : le simple fait de prévoir, même à tort, une déconfiture amène la déconfiture.
  • C’est cependant le pouvoir de noter des Etats qui vaut aux agences l’image de superpuissance politique. En effet, depuis 1990 - la crise de la dette, l’asséchement de l’aide extérieure et des prêts bancaires, et les recettes néo-libérales des organisations internationales étant passés par là - l’essentiel du financement extérieur des Etats se fait sur les marchés obligataires. Depuis que la « loi Wriston » n’a plus cours (6), les investisseurs veulent s’assurer de la solvabilité des Etats emprunteurs... que seules les agences de notation se disent capables d’apprécier.
  • Très sourcilleuses en matière de transparence lorsqu’il s’agit des notés, les agences de notation restent elles-mêmes bien mystérieuses. Leur pouvoir exorbitant et leurs abus appellent à un contrôle plus strict de leurs pratiques ou du moins à l’adoption d’un code de déontologie. De telles initiatives sont à l’étude, mais on peut douter de leurs succès. Les agences ne peuvent en effet être contrôlées que par ces mêmes gouvernements qu’elles tiennent sous haute surveillance.
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    Février 97.
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