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peir ric

Suis-je un document ? - Bloc-notes de Jean-Michel Salaün - 2 views

  • le document est une «Information portée par un support – information délimitée et structurée, de façon tangible ou logique selon le support qui la porte, et intelligible sous forme de mots, de sons ou d’images».
  • Ainsi, pour ces textes officiels, le document est un objet (matériel ou électronique) sur lequel est consigné une information, en anglais on dira un «record», un enregistrement.
  • Dire qu'un écrit est un document, c'est lui donner un statut, une fonction.
  • ...39 more annotations...
  • Le collectif de chercheurs Pédauque l'a signifié en proposant une définition tri-dimensionnelle : forme, contenu et médium, la troisième dimension, le médium renvoyant à la fonction sociale de mise en relation
  • Dire qu'un écrit est un document, c'est lui donner un statut, une fonction.
  • Le collectif de chercheurs Pédauque l'a signifié en proposant une définition tri-dimensionnelle : forme, contenu et médium,
  • la troisième dimension, le médium renvoyant à la fonction sociale de mise en relation
  • transmettre et prouver.
  • Prenons successivement l'une et l'autre et voyons si elles peuvent s'appliquer à ma personne.
  • un document a eu deux fonctions complémentaires
  • transmettre et prouver.
  • La transmission peut passer par les individus, c'est d'ailleurs la fonction première du professeur. Mais l'intérêt justement du processus documentaire est d'externaliser la mémoire humaine.
  • Si du point de vue de la transmission on pourrait me considérer comme un document, je serais un document à l'image de ma mémoire, disons plutôt un protodocument sans doute peu fiable et bien fragile.
  • Si du point de vue de la transmission on pourrait me considérer comme un document, je serais un document à l'image de ma mémoire, disons plutôt un protodocument sans doute peu fiable et bien fragile.
  • Ainsi l'enregistrement audiovisuel est bien un document, mais un document d'une autre nature que l'écrit qui par l'illusion visuelle et sonore produit un effet de réalité et confond le document et son objet, tout spécialement pour la personne humaine du fait de l'empathie créée.
  • En réalité, cette virtualisation de l'individu, par sa transformation en document ou peut-être faudrait-il dire en dossier documentaire, n'est pas née avec l'enregistrement de l'image et du son.
  • Ainsi l'enregistrement audiovisuel est bien un document, mais un document d'une autre nature que l'écrit qui par l'illusion visuel et sonore produit un effet de réalité et confond le document et son objet, tout spécialement pour la personne humaine du fait de l'empathie créée
  • Blogues et réseaux sociaux nous obligent à gérer aujourd'hui notre identité numérique, c'est à dire à contrôler plus ou moins laborieusement nos archives, et font de tout un chacun un auteur romantique aux petits pieds, virtuellement un document, en déplaçant les frontières entre les traces de notre vie privée et celles de notre vie publique.
  • c'est à dire à contrôler plus ou moins laborieusement nos archives, et font de tout un chacun un auteur romantique aux petits pieds, virtuellement un document, en déplaçant les frontières entre les traces de notre vie privée et celles de notre vie publique.
  • en montrant par exemple pour les auteurs l'importance grandissante accordée à leurs archives comme parties prenantes de leur œuvre
  • Pour S. Briet, tout élément qui fait office de preuve est un document, y compris les êtres vivants, s'ils ont cette fonction.
  • Dans cette perspective audiovisuelle, on peut dire que je suis virtuellement un document, par exemple sur une vidéo chargée de transmettre
  • Selon cette perspective, tout individu est potentiellement un document s'il est utile à prouver quelque chose.
  • Les hommes vivant en sociétés organisées, tous leurs faits et gestes sont potentiellement utiles pour au moins trois champs de connaissances : le savoir scientifique, le commerce, le politique,
  • La seconde fonction complémentaire de la première, celle de preuve
  • Pour S. Briet, tout élément qui fait office de preuve est un document, y compris les êtres vivants, s'ils ont cette fonction.
  • Les hommes vivant en sociétés organisées, tous leurs faits et gestes sont potentiellement utiles pour au moins trois champs de connaissances : le savoir scientifique, le commerce, le politique,
  • La médecine, les sciences humaines, les sciences sociales et bon nombre de sciences appliquées s'appuient sur l'homme comme document : sur son corps, sur la personne et ses productions, sur l'individu en société, sur les utilisateurs d'objets ou de systèmes.
  • Je suis donc potentiellement une source primaire d'information pour documenter toutes ces disciplines pour peu que je sois observé.
  • Le marketing est apparu dans les années cinquante pour documenter systématiquement le commerce. Cette documentation s'appuie sur l'observation des consommateurs. Là encore, pour peu que je sois observé je suis une source documentaire, pour le meilleur (adapter les produits à mes besoins) ou pour le pire (me forcer à acheter des produits inutiles).
  • tous les éléments présentés plus haut sont «redocumentarisés», c'est à dire reformatés, catalogués à nouveau, manuellement ou automatiquement. Ils sont, grâce aux performances informatiques qui agissent ici comme des langages documentaires sophistiqués, rangés dans des bases de données et peuvent être mis en relation, travaillés, recalculés à des échelles et selon des configurations jusqu'ici inédites.
  • Il s'est produit dans ce domaine un changement radical avec le Web. En effet, pour la première fois, les consommateurs peuvent être observés de façon massive et à leur insu par les traces de navigation qu'ils laissent. Je suis donc là encore une source documentaire, tout particulièrement pour les moteurs de recherches, les réseaux sociaux ou les sites de e-commerce.
  • J'étais documenté, je suis redocumentarisé, c'est à dire que je suis entré dans un ordre documentaire qui, combinant données et métadonnées sur ma personne, peut faire apparaître un «moi documentaire» jusqu'ici impossible à observer.
  • Pour le «document humain» cette confusion entre transmission et preuve et ces organisations documentaires inédites ne vont pas sans problème d'éthique.
  • Dès lors que la fonction de transmission et celle de preuve s'évaluent sur une grande échelle et sur une grande profondeur, les risques de manipulations des individus, petites ou grandes, ponctuelles ou planifiées, sont réels au travers de leur double documentaire virtuel.
  • N'oublions pas que les hommes ont externalisé leur mémoire pour pouvoir construire des connaissances en manipulant des objets porteurs de sens, les documents.
  • Le troisième champ est le politique, celui qui règle la vie en sociétés, petites ou grandes. Pour les individus, il s'agit des documents administratifs qui définissent notre identité (passeport, carte d'identité, etc.), nos droits et devoirs (visa, carte de sécurité sociale, feuille d'impôts), nos compétences (diplômes, certificats, permis de conduire etc.), nos jouissances (baux, propriétés, etc.), nos fonctions (contrat de travail).
  • Jusqu'à présent dans les pratiques des professions du document, les deux fonctions étaient relativement autonomes. La transmission a conduit à la bibliothéconomie, la preuve relevait plutôt de l'archivistique.
  • Avec le numérique, j'ai souvent eu l'occasion de le dire, les frontières entre les deux pratiques ont tendance à s'estomper ce qui témoigne sans doute d'une confusion de plus en plus forte entre les deux fonctions.
  • Mieux, tous les éléments présentés plus haut sont «redocumentarisés», c'est à dire reformatés, catalogués à nouveau, manuellement ou automatiquement.
  • J'étais documenté, je suis redocumentarisé, c'est à dire que je suis entré dans un ordre documentaire qui, combinant données et métadonnées sur ma personne, peut faire apparaître un «moi documentaire» jusqu'ici impossible à observer.
  • N'oublions pas que les hommes ont externalisé leur mémoire pour pouvoir construire des connaissances en manipulant des objets porteurs de sens, les documents. Michel Serres, toujours optimiste, salue l'espace nouveau laissé à la création par l'allègement de notre mémoire. Le danger serait de retourner le raisonnement en se servant de ces mêmes objets pour nous manipuler. Michel Foucault, pessimiste, y trouverait sans doute confirmation de sa réflexion sur le pouvoir (1975).
peir ric

Masculinités, colonialité et néolibéralisme. Entretien avec Raewyn Connell | ... - 0 views

  • J’ai toujours été très réticente vis-à-vis des théories fonctionnalistes et des théories de la reproduction sociale, qu’elles émanent de la droite comme de la gauche, et qu’elles concernent la classe ou le genre.
  • Lorsque ces théories sont le fait d’intellectuels conservateurs (comme Parsons ou Easton), elles deviennent partie prenante de l’ordre hégémonique. Et même lorsqu’elles émanent de penseurs plus progressistes (comme Althusser, Bourdieu ou Poulantzas), ces théories tendent à inhiber, plutôt qu’à augmenter, la capacité d’agir militante.
  • L’ironie du sort est que je me rends désormais compte que ce modèle initial partage en réalité beaucoup avec les systèmes théoriques clos que je m’efforçais par ailleurs de dépasser !
  • ...29 more annotations...
  • D’abord parce que les ordres du genre pré-coloniaux ne sont eux-mêmes pas statiques.
  • la colonisation détruit les structures sociales locales et les dynamiques qui leurs sont propres.
  • Par la suite, le colonialisme reconstruit – ou s’efforce de reconstruire – un ordre du genre reposant sur de nouvelles bases ; mais ce qui en résulte est une société aux tensions exacerbées et à la violence endémique.
  • Par rapport au modèle initial, je conçois aujourd’hui l’hégémonie comme une tentative de réalisation du pouvoir [achievement of power] davantage pétrie de contradictions, historiquement transitoire et plus directement liée à la violence.
  • Les masculinity studies sont avant tout un projet de production de connaissances : enquêter, théoriser, publier, diffuser.
  • Un corpus de connaissances solides et accessibles sur les enjeux relatifs aux masculinités est en soi une ressource sociale.
  • Une contribution importante des masculinity studies peut ici tout simplement consister en l’apport de la preuve – désormais très bien documentée – que les masculinités sont diverses et historiquement changeantes.
  • Il y a des niveaux de profit très différents et certains groupes d’hommes payent en réalité un prix fort (en pauvreté, en violence, en dépression) pour le maintien de l’ordre du genre en vigueur.
  • Je crois que mes recherches sur les masculinités, les rapports de classe et la colonialité du savoir partagent un même engagement critique envers le pouvoir, les inégalités sociales, l’institutionnalisation des privilèges et la justice sociale dans son sens le plus large.
  • l’entretien biographique et l’analyse par étude de cas sont les outils que j’ai le plus mobilisés.
  • Cette méthode force également les chercheur•e•s à interagir avec des personnes en chair et en os, que les routines scientifiques tendent à abstraire à travers leur lexique : « sujet », « acteur », « agent ».
  • Dans Southern Theory, vous proposez un récit alternatif de la production du savoir en sciences sociales.
  • En un mot, ce que nous entendons par gender theory est en fait une théorisation des rapports de genre issue de la métropole globale, c’est-à-dire de l’Europe et l’Amérique du Nord.
  • Il s’agit d’un modèle général, qui s’applique aux études de genre.
  • La production du savoir dans la périphérie est alors fortement subordonnée aux concepts, théories, méthodologies et paradigmes de la métropole.
  • Ces pays ont construit une économie globale du savoir dans laquelle la métropole est le lieu de la théorie et la périphérie (où vit la grande majorité de la population mondiale) est le lieu de la collecte des données.
  • Les sociétés colonisées se sont toutefois attachées à penser la colonisation indépendamment des colons.
  • Les sociétés de la périphérie continuent de produire un travail intellectuel à rebours de cette économie dominante du savoir.
  • C’est ce que j’appelle « la théorie du Sud » [southern theory], qui n’est pas un « savoir indigène » statique, mais une réponse intellectuelle à l’expérience sociale de la colonisation et aux sociétés postcoloniales d’aujourd’hui.
  • La production du savoir est un processus social – un processus social globalisé.
  • Cette production mobilise une force de travail différenciée qui, envisagée à l’échelle globale, représente une formation sociale importante.
  • Cette production requière des ressources sociales, elle a des conséquences complexes et elle est historiquement changeante.
  • Il est d’abord fondamental de reconnaître les positions différenciées des divers groupes impliqués dans ce qui est apparemment un champ académique unifié, en l’occurrence les masculinity studies. Quel type de travail obtient les ressources? Quel type de travail manque de ressources ?
  • Envisager les chercheur•e•s comme des travailleurs/euses revient à placer la focale sur les rapports concrets qu’ils et elles entretiennent les un•e•s avec les autres,
  • Cela place également la focale sur les formes de gouvernementalité et de contrôle qui en viennent à régir ce champ scientifique – à l’instar du tournant managérial dans la gestion des universités, de la part croissante des fonds privés dans le financement de la recherche, ou de la prédominance des ONG et des programmes d’aide dans le financement de la recherche sociale dans les pays pauvres.
  • Le modèle de l’ « acteur rationnel », autour duquel la théorie économique néolibérale s’est construite, est une figure masculine.
  • La marchandisation des sports de compétition masculins, de la Formule 1 à la Coupe du Monde de football, constitue un laboratoire fascinant pour l’étude du néolibéralisme et des dynamiques de masculinité.
  • La globalisation néolibérale produit de nouvelles institutions et de nouveaux espaces sociaux qui s’étendent à l’échelle globale – notamment à travers le world wide web,
  • La recherche sur les masculinités n’est bien sûr pas la seule clé de compréhension de l’ordre néolibéral mondial.
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