L'AUTEUR
Je suis de ces fous qui s'en vont rêvant
De printemps sans fin, d'amours éternelles;
Mes erreurs, tu vois, ne sont pas nouvelles,
Le père au tombeau les lègue à l'enfant.
Qu'y faire, après tout? Nous suivons le vent
Connue la poussière et les hirondelles;
Mon corps a des pieds, mon âme a des ailes :
Parfois je m'envole, et rampe souvent.
Dans ces vers troublés, si tu veux les lire,
Tu dois retrouver plus d'un franc sourire,
Les pleurs y sont vrais et tombés des yeux.
L'auteur, pour le reste, est bien jeune encore
Ne demande pas de fruits à l'aurore:
L'homme qui grandit demain fera mieux.
De Georges Lafenestre
::::Elle eût cueilli pour moi ses roses les plus belles
Qui rendent invisible et qui durent cent ans,
Et ses sœurs, s'éveillant dans leurs calices frêles,
En rond, m'eussent conté des combats de géants; ::::::
::::Tout mon cortège blanc d'illusions sereines
S'abaisse lentement sur l'horizon noirci;
Le vent m'apporte encore quelques chansons lointaines :
Demain tout se taira, je serai seul ici. :::::
La raison est venue et la nature est vide,
Je cherche au lieu de voir, pense au lieu de sentir,
Tout le sol de mon cœur devient un sable aride
Où l'arbre des amours ne saura plus verdir.
Aucun bruit ne rompra ce lugubre silence :
Tout est mort, je suis seul, mon pied marche sans peurs,
Pour peupler le désert je n'ai plus mes terreurs,
Je vais, partout s'étend la solitude immense.
Si c'est là le destin, je saurai le subir,
Et laisser comme un autre à la roche, à l'épine,
Des lambeaux douloureux de mon àme enfantine,
Quelque chaste croyance ou quelque souvenir,
Quitte à trouver au bout de la pénible route,
Sur les débris fanés de nos rêves d'un jour,
Hideux et ricanant, le fantôme du Doute
Qui tend sa main crochue à chaque carrefour;